Covid : « Pourquoi le monde médical est dérouté »

LES SOIGNANTS FACE AU CORONAVIRUS, épisode 49. Le Dr Elisa Demonchy est infectiologue au CHU de Nice et responsable de l'unité Covid. Elle explique les difficultés à prévoir l'évolution de l'épidémie, à l'échelle du pays comme chez ses patients.


« Depuis le début, nous avons beaucoup de mal à prévoir l’évolution de cette pandémie, que ce soit à l’échelle d’un pays, d’une ville ou même du patient. Le nombre de patients en réanimation est monté moins haut que ne l’avaient prédit les modèles mathématiques . Cette deuxième poussée de l’épidémie a moins été une vague qu’une augmentation par palier depuis le mois d’août.

Cette maladie déroute encore le monde médical car des questions demeurent sans réponse sur ses modes de circulation, de transmission et d’évolution. Par exemple, l’épidémie semble se stabiliser dans tout le département des Alpes Maritimes sauf à Antibes, où le nombre de patients hospitalisés continue à monter. Sans que l’on sache pourquoi car il n’y a pas de « cluster » réellement identifié.

Nous avons aussi des malades dont l’évolution vient contredire ce que l’on pouvait prévoir à partir de leur tableau clinique. J’ai eu un patient de 75 ans, avec de l’hypertension et un surpoids majeur qui est arrivé dans l’unité avec 75 % de ses poumons atteints. Nous l’avons mis sous oxygène et nous pensions le transférer en réanimation, mais il s’est remis très vite. Il est rentré chez lui et il va bien.

Comme nous l’avions inclus dans un protocole d’essai de traitement en double aveugle, nous ne savons pas s’il a guéri grâce à la substance testée ou tout seul (s’il était dans le groupe placebo).

Rechute inexpliquée

A l’inverse, un autre patient de 70 ans, en bonne forme car randonneur, a été mis sous coma artificiel, s’en est sorti, puis il a fait une rechute brusque et a dû être admis une deuxième fois en réanimation. Il est sauvé mais un mois après son retour chez lui, il reste très fatigué et essoufflé au moindre effort.

Ce genre de rechute est tout à fait inhabituel dans l’histoire des épidémies car, généralement, l’évolution du virus dans un corps est linéaire : soit il est terrassé soit il terrasse.

Les traitements aux corticoïdes ont permis de vrais progrès pour beaucoup de patients, mais il y a des personnes chez qui ils ne marchent pas. Et la semaine dernière encore, nous réfléchissions, avec les réanimateurs, à un changement de stratégie de traitement.

Six mois, c’est court

Je comprends les interrogations de la population face aux débats entre médecins. Mais il faut se rendre compte que six mois, c’est très peu pour trouver LA bonne réponse à une épidémie. S’agissant du Sida, il a fallu plusieurs années pour trouver un traitement et plusieurs décennies pour l’améliorer.

Or le Covid touche beaucoup plus de monde en peu de temps. Donc mieux vaut être précautionneux et appliquer scrupuleusement les gestes basiques que nous demandons à tous (masques, distanciation, lavage de mains). »


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