C’est le printemps. Ce n’est certes pas encore le grand bleu, mais les entreprises commencent à entrevoir une éclaircie. C’est le cas dans toute l’Europe, et particulièrement en Allemagne et en France, même si le phénomène est moins marqué que chez nos voisins. Dans l’Hexagone, l’indice PMI de la société IHS Markit, qui interroge chaque mois environ 800 entreprises françaises, s’est redressé à 49,5 points ce mois-ci, contre 47 points en février.
Malgré la hausse des contaminations et les lenteurs de la campagne de vaccination , les chefs d’entreprise ne semblent pas déprimés par l’incertitude entourant les restrictions sanitaires depuis début mars. Au contraire. L’enquête réalisée entre les 12 et 23 mars est plutôt de bon augure pour la croissance des prochains trimestres.
Euphorie dans l’industrie allemande
Dans les services, les plus affectés par la pandémie, l’amélioration est encore timide, mais dans l’industrie, elle est très forte. L’indice PMI de l’industrie manufacturière a grimpé à 58,8 points en mars – son plus haut niveau depuis fin 2017. Les industriels ont signalé « une forte augmentation de leurs ventes à l’export par rapport au mois précédent », selon IHS Markit. Les économies asiatiques sont en effet bien reparties.
L’optimisme des industriels français est toutefois sans commune mesure avec celui des Allemands. De l’autre côté du Rhin, les industriels n’ont jamais été aussi positifs sur leur activité future depuis… 1996 ! Pourtant, les chaînes de production de l’industrie automobile sont en partie désorganisées par la pénurie de semi-conducteurs.
Un optimisme prématuré
La question se pose de savoir si ce regain d’optimisme n’est pas un peu « prématuré », comme le disent poliment les économistes de la banque Citi. Pour eux, la réponse ne laisse pas de place au doute : « L’économie allemande, où les services pèsent lourd, devrait encore reculer en avril, probablement jusqu’à l’été, car le gouvernement n’a pas réussi à maîtriser la pandémie », écrivent-ils dans une étude. Pour les économistes de la banque ING, « comme de nombreuses grandes économies étendent les mesures restrictives, le rebond de la production économique de la zone euro sera encore retardé ». Ils s’attendent à ce qu’il n’ait pas lieu avant le second semestre 2021 .
L’autre risque qui guette les entreprises européennes et françaises réside dans la hausse du prix des matières premières. « Les pénuries de matières premières ont continué de pousser fortement les coûts à la hausse, tendance qui, en l’absence d’une reprise durable de la demande, risque d’entraîner une réduction des marges bénéficiaires des entreprises », explique Eliot Kerr, économiste chez IHS Markit. Bref, il est encore bien tôt pour tabler sur un beau ciel bleu.