Confinement, déconfinement, reconfinement… Qu’importe la phase, les Français sont inquiets et déprimés en raison de la crise sanitaire dont ils ne voient pas le bout malgré l’arrivée des vaccins . Conséquence de ces craintes, ils soutiennent les mesures de restriction de liberté prises par le gouvernement. Ce qui prouve que le discours sur la « dictature sanitaire » supposée est encore loin d’être majoritaire dans l’opinion. C’est ce que montre un sondage OpinionWay – Square pour « Les Echos » et Radio Classique, réalisé les 15 et 16 décembre derniers, avant la découverte de la nouvelle souche du Covid dans le sud de l’Angleterre.
Ainsi, la continuation du télétravail dans les entreprises est soutenue par 86 % des Français, la mise en place du couvre-feu et son maintien le soir du Nouvel an ont les faveurs de respectivement 67 % et 68 % de la population. Les mesures assouplissant le contrôle de la vie sociale sont aussi plébiscitées : 76 % des personnes interrogées sont d’accord avec la fin du confinement durant la journée et 74 % avec la possibilité de se déplacer entre régions. Seule la fermeture des bars et des restaurants ainsi que des musées et cinémas est rejetée, preuve que la gastronomie, la convivialité et la culture restent des valeurs bien françaises.

De sombres perspectives économiques
Il faut dire qu’après huit mois de crise sanitaire, les Français sont las et inquiets . Sur une échelle de 0 à 10 (0 étant le niveau d’une personne pas du tout inquiète et 10 correspondant au niveau maximum d’inquiétude), la moyenne atteint 6,6, un niveau élevé qui ne régresse pas ou peu depuis mai dernier. Idem pour les perspectives économiques. L’opinion des Français reste très sombre, 81 % d’entre eux jugeant que la situation de l’économie française va encore se dégrader dans les mois qui viennent.
« Les mesures de soutien aux entreprises et à l’économie annoncées par le gouvernement ne permettent pas d’enrayer les craintes des Français », constate Frédéric Micheau, directeur du département opinion et politique d’OpinionWay. Plus fragiles économiquement, les personnes appartenant aux catégories populaires sont les plus pessimistes puisque 47 % d’entre elles anticipent une dégradation de leur situation financière personnelle, contre 38 % des cadres.
Réticence vis-à-vis des vaccins
« Si les Français sont inquiets pour les mois qui viennent, c’est que 44 % d’entre eux estiment que la campagne de vaccination à venir n’aura aucun effet sur l’activité économique », explique Frédéric Micheau. Seuls 38 % des Français s’attendent à ce que la campagne de vaccination ait un effet positif sur l’activité économique. « On aurait pu s’attendre à ce que la disponibilité des vaccins redonne un peu d’espoir, ce n’est pas le cas. Cela dit bien à quel point les Français broient du noir », estime le sondeur.
Il souligne aussi que « le rapport au vaccin est très clivant dans la société française. Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen en 2017 ne pensent pas que le vaccin aura des effets positifs sur l’économie ». La fracture est aussi sociologique : 47 % des personnes ayant un niveau supérieur à bac +2 s’attendent à des effets positifs du vaccin , contre seulement 32 % des personnes ayant un niveau de diplôme inférieur au bac.