Après la baisse, en trompe-l’oeil, du deuxième trimestre, la hausse, inéluctable celle-là, du troisième. Le taux de chômage, au sens du Bureau international du Travail (BIT), a progressé de 1,9 point pour atteindre en moyenne 9 % de la population active cet été en France, hors Mayotte de juillet à septembre, a indiqué ce mardi matin l’Insee. Ce qui représente 628.000 personnes de plus sur la période, ou 2,7 millions au total.
Cette hausse au troisième trimestre marque un « retour à la normale », selon l’institut statistique national. Lors du premier confinement, des centaines de milliers de chômeurs n’avaient pas pu effectuer des démarches actives pour trouver un emploi et n’étaient donc pas considérées comme tels compte tenu des critères retenus par le BIT. Le taux de chômage avait alors reculé pour atteindre 7,1 % .
Et encore, souligne Eric Heyer, directeur du département analyse et prévision à l’OFCE, sans le recours à l’activité partielle et, dans une moindre mesure les effets de découragements, le taux de chômage serait de 11 %. En la matière, « la France a appris des exemples Allemands et Italiens », constate-t-il, à condition que l’employeur et son salarié sachent tirer parti au mieux des périodes non travaillées.
Conséquence logique, le halo du chômage, qui regroupe les personnes qui souhaitent un emploi sans être considérées comme chômeurs, a retrouvé peu ou prou son niveau d’avant crise. A 1,7 million, il a baissé de 801.000, après avoir explosé durant le deuxième trimestre (+765.000). Sa part dans la population active diminue de 2 points pour représenter 4 %.
Ampleur inédite
D’une ampleur inédite depuis 1975, le rebond du taux de chômage sur le 3e trimestre est donc en partie mécanique, mais la hausse de 0,6 point sur un an témoigne bien d’une nette dégradation du marché du travail, toujours selon l’Insee. Elle est plus prononcée pour les 25-49 ans (+2,1 points) et les 50 ans et plus (+1,7 point) que chez les 15 à 24 ans (+0,9 point). A un gros bémol près, car leur situation s’était déjà dégradée au trimestre précédent, contrairement à celle de leurs aînés. « Au total, sur un an, le taux de chômage progresse davantage pour les jeunes (+2,6 points) que pour les autres classes d’âge », souligne l’Insee.
Les autres indicateurs publiés par l’Insee (taux d’emploi, part du sous-emploi, taux d’activité, situation des jeunes…) montrent qu’une partie du chemin perdu depuis la crise a été rattrapée grâce au fort rebond de l’activité, et donc des embauches, cet été , mais une partie seulement. Conséquence, un participant au marché du travail sur cinq se trouve soit en chômage ou dans le halo autour du chômage, soit en sous-emploi. Le repli est net – 11,6 points sur le trimestre -, mais reste 2,4 points au-dessus de son niveau de fin 2019.
Point positif, le nombre moyen d’heures travaillées par emploi a retrouvé en grande partie son niveau un an plus tôt, à 31 heures contre 31,6 heures par semaine. L’embellie risque d’être remise en cause sur la fin de l’année avec le deuxième confinement et la forte hausse attendue du recours à l’activité partielle .
Dans une note de conjoncture, début octobre, l’Insee a prévu que le taux de chômage atteindrait 9,7 % fin 2020, soit 1,6 point de plus qu’un an plus tôt. L’Unédic est plus pessimiste, prévoyant qu’il grimpera à 10,5 %, pour redescendre à 9,6 % un an plus tard.