Des centaines de milliers d’agents de l’Etat vont bientôt se laver les mains uniquement à l’eau froide. C’est l’une des mesures phares auxquelles l’administration va devoir se plier pour aider la France à baisser sa consommation d’énergie de 10 % d’ici à 2024. Elle fait partie du « plan de sobriété » que a présenté jeudi le gouvernement afin d’encourager les entreprises, les collectivités et les ménages à faire la chasse au gaspi pour éviter d’être à court cet hiver.
Dans cette quête, l’administration publique qui représente au total 20 % de l’emploi en France et 30 % du parc immobilier tertiaire, a un devoir d’exemplarité. A l’exception des douches, l’eau chaude qui représente 10 % des consommations d’énergie de l’Etat, sera ainsi coupée pour les sanitaires, précise le cabinet du ministre de la Fonction publique, Stanislas Guerini, confirmant des informations du « Parisien ».
Indemnisation télétravail revalorisée
Pour économiser sur le chauffage des bâtiments et sur les déplacements, le recours au télétravail devrait par ailleurs être particulièrement encouragé, par exemple lors de ponts, pour pouvoir fermer les bâtiments plusieurs jours consécutifs. Le ministère annonce à l’occasion que l’indemnisation télétravail au bénéfice des agents va être revalorisée de 15 % – elle passerait ainsi de 2,50 euros à près de 2,88 euros par jour.
Une revalorisation « nécessaire et bienvenue », salue la secrétaire générale de la CFDT Fonctions publiques Mylène Jacquot, qui plaide pour que le forfait mobilité durable (aujourd’hui à 200 euros maximum par an pour la Fonction publique) soit lui aussi revalorisé, ainsi que pour la fin du plafonnement des remboursements des abonnements de transport.
110 km/h sur l’autoroute
La moitié de l’énergie consommée au niveau de l’Etat provient des déplacements, et les agents publics vont notamment être incités à lever le pied lorsqu’ils sont au volant puisque le gouvernement souhaite réduire leur vitesse maximale sur autoroute à 110 km/h et à 100 km/h sur voies rapides.
L’accent devrait aussi être mis sur les économies d’éclairage. Et, en cas de journée rouge sur les réseaux d’énergies, la température (réglementaire) dans les bâtiments sera baissée de 19 °C à 18 °C. Plusieurs autres mesures seront encore annoncées jeudi par le gouvernement.
« Nous sommes sur les bons leviers, mais il s’agit d’abord de mesures incitatives », note Anne Bringault, la coordinatrice des programmes au Réseau Action Climat, qui fédère de nombreuses associations engagées dans la lutte contre le réchauffement climatique. Or, cela risque, selon elle, « de ne pas être suffisant pour réduire la consommation d’énergie de 10 % d’ici à 2024 et pour respecter nos objectifs climat, surtout s’il n’y avait pas de suivi ».
Pour être utiles, ces « bonnes pratiques » doivent aussi être comprises. En parallèle, le ministère de la Fonction publique promet donc d’accompagner les agents. Notamment grâce au « grand plan de formation des fonctionnaires » aux problématiques écologiques que l’exécutif a annoncé le mois dernier, dont les détails et les contenus – qui concerne 25.000 cadres d’Etat – doivent être annoncés mardi prochain.