Devenue la nouvelle et « deuxième urgence » à traiter selon le ministre de l’Economie , Bruno Le Maire, la difficulté à recruter reste préoccupante en France. Selon l’Insee, désormais dans l’industrie manufacturière, près de deux entreprises sur trois déclarent être en peine de trouver les salariés dont elles ont besoin.
Pas moins de 67 % des entreprises, interrogées dans le cadre de la dernière enquête de conjoncture trimestrielle, publiée parallèlement au climat des affaires , disent être dans ce cas. « Un niveau inobservé depuis 1991 », date à laquelle l’Insee a commencé à interroger les industriels sur ce point. Soit depuis près de 31 ans.
Une situation tendue dans l’agroalimentaire
Des chiffres nettement plus alarmants que ceux publiés il y a une semaine par la Banque de France. Dans sa note de conjoncture, l’Institut d’émission estimait en effet que 50 % des entreprises de l’industrie éprouvaient des difficultés de recrutement.
Les deux institutions se rejoignent cependant sur un constat : les difficultés de recrutement ont commencé à se tendre à l’hiver 2021. Dès l’enquête trimestrielle d’octobre , la proportion d’entreprise à la peine pour recruter s’est rapprochée des 60 %, selon les statisticiens publics. Elle n’a cessé, ensuite, de progresser au fil des enquêtes.
La tendance touche la majeure partie des secteurs. Mais la situation est particulièrement tendue dans l’industrie agroalimentaire et l’équipement électrique où les chefs d’entreprise sont respectivement 70,6 % et 73 % à déclarer des difficultés de recrutement. Elles semblent, par comparaison, plus raisonnables dans l’automobile et le matériel de transport où seulement une entreprise sur deux admet être à la peine pour recruter.
Salaires : les patrons plus enclins aux augmentations
En tout état de cause, les industriels interrogés sont plus prêts que par le passé à ouvrir un peu plus les cordons de la bourse. Sans doute tout autant pour attirer de nouveaux salariés que pour répondre à la grogne concernant un pouvoir d’achat mis à mal par l’inflation.
Le solde sur les perspectives générales d’évolution des salaires horaires dans l’industrie – calculées en faisant la part entre les chefs d’entreprise qui prévoient des augmentations et les autres -, « augmente pour le sixième trimestre consécutif », explique l’Insee. De fait le solde d’opinion qui atteint -9,1 est en en nette amélioration depuis plusieurs trimestres. Il se situe même désormais « à son plus haut niveau depuis 2001 », explique l’Insee. Soit depuis 21 ans.