La dernière fois qu’Edouard Philippe et les leaders syndicaux et patronaux se sont parlé, le 19 mars, les arrêts d’activité suite au confinement avaient occupé l’essentiel des discussions. C’est de déconfinement qu’il sera question, ce jeudi, lors du nouvel entretien que va avoir le Premier ministre avec les partenaires sociaux après ceux avec les élus locaux et les préfets, ce mercredi , avec en toile de fond la flambée du chômage .
Son appel au dialogue social pour préparer la reprise de l’activité devant les députés a été bien reçu par les syndicats en particulier. Comme le patronat, ils n’en sont pas moins très inquiets des conditions dans lesquelles celle-ci va se faire, même si le chef du gouvernement a insisté sur la progressivité du déconfinement. « Nous avons beaucoup de questions, encore, sur ses modalités », indique Yves Veyrier, le secrétaire général de Force ouvrière.
Les risques et les incertitudes sur la réouverture des écoles comme la maîtrise de l’exposition au virus dans les transports collectifs préoccupent fortement des organisations de salariés. « Ils n’ont pas pris le métro depuis combien de temps ? Condamner un siège sur deux ne réglera rien pour les gens debout agglutinés ! » s’emporte ainsi un syndicaliste. L’accès aux équipements et matériels de protection sanitaire, et notamment les masques les inquiète aussi. Comme les organisations patronales d’ailleurs.
Chute inéluctable de la productivité
Mais la noirceur des perspectives économiques et leurs conséquences sur l’emploi devraient occuper une large part des discussions. L’annonce mardi par Edouard Philippe d’ une réduction de la voilure du chômage partiel à partir du 1er juin a animé le dernier entretien téléphonique avec la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, peu après le discours du Premier ministre à l’Assemblée. Un entretien où elle leur a annoncé la perspective d’une baisse de la prise en charge de l’Etat, portée à 100 % mi-mars.
« Tout le monde sait que l’activité ne va pas reprendre tout de suite à 100 %, ça prendra des mois », souligne le président de l’U2P, Alain Griset. Et que les mesures de précaution sanitaire des entreprises vont augmenter les prix et plomber le pouvoir d’achat. « On est parti peut-être pour 12 voire 24 mois », renchérit le président de la CPME, François Asselin. « Dans un atelier, là où on était 30, on ne pourra peut-être plus être que 20 », explique-t-il.
Si tous deux comprennent les enjeux budgétaires, ils s’inquiètent du fait que la révision des règles du chômage partiel va probablement conduire à une vague de licenciements. Une perspective qui inquiète aussi les syndicats.
« Se remettre à la table des discussions »
Alors que Muriel Pénicaud a annoncé une réflexion sur les règles de l’assurance-chômage , du côté des organisations de salariés, on plaide pour la réouverture de négociations. « La ministre vient d’affirmer que les Français ne veulent pas d’une nouvelle réforme ! La réalité, c’est qu’il faut revenir sur la sienne et se remettre à la table de discussion », affirme François Hommeril, de la CGC. La CFDT, elle, plaide pour une négociation plus large sur l’ensemble des questions d’emploi. « L’ampleur de la crise nous impose à tous de sortir de notre zone de confort », estime Laurent Berger, son numéro un.