Il n’a pas dit un mot ce mardi de la flambée du chômage en mars, provoquée par le confinement. Mais elle sera dans toutes les têtes lors de la réunion d’Edouard Philippe avec les syndicats et le patronat ce jeudi. D’autant qu’à côté de l’organisation du travail figurent aussi au programme les « mesures d’accompagnement » des entreprises, au premier rang desquelles le chômage partiel qui concerne aujourd’hui plus de 10 millions de salariés .
Le Premier ministre a annoncé que le dispositif resterait en place jusqu’au 1er juin. « Il faudra ensuite l’adapter progressivement, afin d’accompagner la reprise d’activité si l’épidémie est maîtrisée. »
Rétablissement d’un reste à charge
Le dispositif, l’« un des plus généreux d’Europe », sera revu, tout en préservant deux populations : « Les personnes les plus vulnérables et les secteurs professionnels qui demeureraient fermés. »
La ministre du travail, Muriel Pénicaud a déjà annoncé le principe d’un chômage partiel individualisé où certains salariés seraient ciblés. Ce mercredi matin, sur France inter, elle a en outre évoqué « probablement un taux de prise en charge [de l’indemnisation par l’Etat] moins important ». « On ne va pas couper le chômage partiel au 1er juin, seul peut changer éventuellement un petit reste à charge pour les entreprises », a-t-elle ajouté.
Jusqu’à l’annonce du confinement, à la mi-mars, le chômage partiel, qui indemnise le salarié à hauteur de 70 % du salaire brut et 84 % du salaire net, n’était pris en charge par l’Etat qu’à hauteur du SMIC. La ministre n’a pas dit si le gouvernement envisageait le rétablissement de ce reste-à-charge ou d’autres mesures.
Dialogue social « à tous les niveaux »
En attendant la réunion de jeudi, Edouard Philippe a donné un certain nombre d’indications sur les précautions sanitaires à prendre pour « permettre la reprise de la vie économique » tout en évitant que l’épidémie reparte de plus belle.
Pour cela, le Premier ministre compte d’abord sur le télétravail. Il devra « être maintenu au moins dans les trois prochaines semaines », comprendre jusqu’à début juin. La mesure a un double avantage : « Limiter le recours aux transports publics et les contacts. » Pour les salariés qui ne peuvent pas télétravailler, le chef du gouvernement encourage la pratique des horaires décalés, car elle « permettra l’étalement des flux de salariés dans les transports et diminuera la présence simultanée des salariés dans un même espace de travail ».
60 guides et fiches métier
Concernant l’aménagement des conditions et de l’organisation du travail, le Premier ministre a mis en avant les guides et fiches métier que le ministère du Travail est en train de rédiger en contact avec les fédérations professionnelles. « Il en faut environ 60 pour couvrir tous les secteurs », a expliqué Edouard Philippe, précisant que 33 fiches avaient déjà été publiées et que le reste serait prêt le 11 mai.
« Cette démarche est intéressante parce qu’elle est très concrète et qu’elle associe les partenaires sociaux », a-t-il expliqué. « Elle doit se concrétiser dans chaque entreprise sous la forme de nouveaux plans d’organisation du travail avec une attention particulière aux emplois du temps, aux gestes barrière, à l’aménagement des espaces de travail », a-t-il insisté, ajoutant que « le port du masque devra être mis en oeuvre dès lors que les règles de distanciation physique ne peuvent pas être garanties dans l’organisation du travail ».