Les passagers sont loin d’être tous revenus dans les transports en commun franciliens, affectés par la crise sanitaire depuis mars 2020, mais l’autorité en charge des transports (IDFM) n’a aucune intention de remettre en cause son plan de modernisation et de verdissement du matériel roulant. Un des outils nouveaux pour financer ce vaste programme estimé au total à 27 milliards d’euros sur la période 2022-2030 repose sur les « green bonds », ces emprunts obligataires émis sur les marchés financiers pour financer les projets estampillés « transition écologique ».
Après diverses entreprises ou institutions, comme la SNCF, la Région Ile-de-France, la Ville de Paris, la RATP ou encore la Société du Grand Paris, Ile-de-France Mobilités a pris le train en marche depuis 2021, dans le but d’accélérer le report modal de la voiture vers les transports publics.
Troisième plus grand réseau mondial
L’an dernier, IDFM a ainsi émis trois tranches de 500 millions de green bonds, avec des maturités de 10 à 20 ans. Avec la méthodologie propre à ce type d’instrument, visant à calculer et faire connaître l’impact environnemental de chaque projet. Un simple démarrage puisque sur la décennie, IDFM, qui finance la quasi-totalité des investissements régionaux liés aux transports en commun, « va investir au total plus de 27 milliards d’euros et prévoit de lever 18 milliards d’euros de dette sur cette période pour financer ce plan, dont la majorité sera sous forme de Green bond », selon une récente présentation faite à des banquiers et investisseurs.
Avec quelque 9,4 millions de déplacements réalisés par jour, au moyen de 14 lignes de métro, 13 lignes de Transilien en RER, 9 lignes de tramway et 1.500 lignes de bus, la région-capitale exploite « le troisième plus grand réseau du monde, après ceux de Tokyo et Londres », selon Laurent Probst, le directeur général d’IDFM. Cette autorité organisatrice contractualise auprès des différents transporteurs, notamment la RATP, la SNCF, Transdev ou Keolis.
Parmi les premiers programmes en matériel financés par des obligations « vertes », IDFM a retenu cinq programmes distincts en 2021 : le renouvellement de 83 trains de la ligne N de Transilien et du RER D (711 millions financés par green bonds), l’acquisition de 71 trains Alstom pour le RER de nouvelle génération (382 millions), l’achat de 68 bus électriques pour la RATP (36 millions), l’accès facilité des gares ferroviaires ou de bus pour les personnes à mobilité réduite (320 millions), sans oublier une enveloppe de 51 millions pour l’aide à l’achat de vélos électriques Véligo.
Avance remboursable de l’Etat
« L’ensemble de ces projets permettent sur toute leur durée de vie d’éviter l’émission de plus de 1,6 million de tonnes de CO2 », évalue l’autorité organisatrice des transports, dont les dépenses totales d’investissement représentaient l’an dernier 3,3 milliards d’euros.
Par ailleurs, face à des dépenses de fonctionnement de 10,1 milliards par an, l’organisme public qui associe la région, la ville de Paris et les départements franciliens doit augmenter chaque année les contributions respectives des collectivités , ce qui permet pour l’instant d’éviter une hausse du passe Navigo. Le contexte inflationniste en décidera peut-être autrement.
Au plus fort de la crise sanitaire, l’Etat avait fait un geste en accordant à IDFM deux milliards d’avance remboursable , sur seize ans. Mais par définition, cette somme devra commencer à être remboursée à partir de 2023, même si le trafic total n’aura pas encore retrouvé son volume de 2019.