Début juin, Emmanuel Macron avait promis que la dernière année de son quinquennat serait une « année utile » . Au vu des annonces faites ce lundi soir lors de son allocution, elle sera notamment utile à se projeter dans l’après 2022 et à préparer un éventuel second mandat. Au-delà des nouvelles mesures sanitaires, le chef de l’Etat a ainsi insisté sur le lancement à la rentrée d’un plan nouveau plan d’investissement pour prendre la succession du plan de relance de 100 milliards d’euros de l’an dernier et « bâtir la France de 2030 ».
Voilà plusieurs semaines que des voix se faisaient entendre dans la majorité pour réclamer à Emmanuel Macron qu’il réinvestisse les thématiques économiques et sociales, au coeur de son programme en 2017. Mais la menace épidémique incarnée par le variant Delta a bouleversé tous les plans et relégué, dans son allocution, ces questions au second plan. C’est notamment le cas pour la réforme des retraites, qui paraissait impérieuse il y a un mois et pour laquelle le chef de l’Etat veut prendre désormais son temps.
« Je ne lancerai pas cette réforme tant que l’épidémie ne sera pas sous contrôle », a-t-il expliqué. Emmanuel Macron a néanmoins réaffirmé les grands principes qu’il entend mettre en oeuvre même si aucun calendrier n’est plus spécifié – insistant sur la nécessité de « mettre fin aux régimes spéciaux » et sur celle de « travailler plus longtemps et partir à la retraite plus tard » même si cela se fera « progressivement, sur plusieurs années ».
Priorité donnée au travail
Cette promesse de réforme s’inscrit dans la priorité affichée depuis le début du quinquennat donnée au travail. C’est dans cette optique qu’Emmanuel Macron a annoncé que la réforme de l’assurance-chômage récemment suspendue par le Conseil d’Etat sera bien mise en oeuvre au 1er octobre. Est également prévu un « plan massif de formation et de requalification » des chômeurs de longue durée à la rentrée.
Plutôt que de s’embarquer dans une réforme des retraites susceptible d’enflammer le climat social et de mettre à mal la reprise, Emmanuel Macron a donc préféré insister sur des mesures susceptibles de conforter cette dernière. Le chef de l’Etat a évoqué « une croissance qui pourrait atteindre 6 % en 2021 » alors que la prévision du gouvernement était de 5% jusqu’alors.
Il s’agit donc de nourrir cette dynamique de reprise et cela passera notamment par un plan d’investissements annoncé ce lundi soir par Emmanuel Macron. « Il faudra faire émerger les champions de demain dans les secteurs qui dessineront notre avenir », a-t-il expliqué, sans préciser le montant de ce plan.
Après s’être longtemps montré rétif à tout ce qui pourrait ressembler à un deuxième plan de relance , le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, s’était converti il y a quelques semaines à cette idée de plan d’investissements. Alors que le plan de 100 milliards dévoilé l’an dernier agglomérait des mesures très disparates, il s’agirait cette fois de cibler uniquement des investissements pour des secteurs stratégiques, comme l’hydrogène, les semi-conducteurs ou les batteries électriques.
Un « revenu d’engagement »
Le chef de l’Etat a également annoncé des réformes à venir en faveur des jeunes et les seniors. Pour les premiers, il a notamment promis pour la rentrée un « revenu d’engagement qui concernera les jeunes sans emploi ou formation et sera fondé sur une logique de devoirs et de droits». Une nouvelle dénomination pour le projet de « garantie jeune universelle » débattu de longue date au sein du gouvernement. L’idée était d’apporter une réponse aux voix à gauche qui réclament un RSA jeunes, avec une allocation allant jusqu’à 500 euros couplée avec un accompagnement par un référent dans une mission locale ou à Pôle emploi.
A l’autre extrémité de l’échelle d’âge, balisant un «nouveau pacte français entre les générations», Emmanuel Macron a également promis pour les seniors «une grande ambition humaniste pour l’autonomie, un accompagnement renforcé pour le maintien à domicile, des maisons de retraite modernisées», sans beaucoup plus de précisions. Une façon de remettre sur la table la grande réforme de l’autonomie promise depuis de nombreux mois.