Cela va-t-il permettre de sauver le millésime 2020 ? En tout cas, l’exécutif a décidé de faire un effort sans précédent pour éviter un crash de l’apprentissage en raison de la crise du coronavirus. L’annonce en a été faite aux leaders syndicaux et patronaux ce jeudi après-midi, lors de l’entretien qu’ils ont eu avec Emmanuel Macron à l’Elysée. Il n’en coûtera rien ou quasi rien pendant un an à l’employeur qui embauchera en alternance un jeune de moins de 21 ans, et seulement 175 euros par mois entre 21 et 25 ans. Personne tant du côté du patronat que des syndicats n’a trouvé à redire au fait d’être mis devant le fait accompli sur le sujet, chacun ayant conscience qu’il y avait urgence : c’est maintenant que la grande masse des décisions de recrutement se prennent.
Sur les enjeux de l’emploi et de l’assurance-chômage, le chef de l’Etat était aussi attendu. Et sur ces sujets, les partenaires sociaux ont pu noter un changement de ton d’Emmanuel Macron. Le 18 juin 2019, soit il y a presque un an, son Premier ministre, Edouard Philippe, leur imposait une réforme de l’assurance-chômage rude pour les chômeurs et assortie d’un bonus-malus sur l’emploi précaire pour les entreprises, qui suscitait un concert de protestations patronales. Ce jeudi, le président de la République leur a au contraire ouvert la porte.
La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, avait annoncé fin avril le lancement d’une « réflexion » sur la réforme de l’assurance-chômage, dont seule la première phase est entrée en application, la seconde étant renvoyée à septembre. Emmanuel Macron a annoncé lui avoir confié le soin de lancer une concertation avec les partenaires sociaux à partir de la mi-juin pour déterminer les évolutions nécessaires pour tenir compte du contexte de crise. « Les choses sont très très ouvertes sur l’assurance chômage », commentait un proche de la ministre. Le délai est en revanche serré : l’idée est d’aboutir à « des résultats cet été ».
L’ancienne DRH se voit aussi confier le lancement d’une concertation sur le chômage partiel avec un double objectif. Le premier est de fixer les contours du dispositif de droit commun « qui aurait vocation à durer au moins jusqu’à la fin du quinquennat », selon un proche. Le second est de préciser les modalités concrètes de prise en charge de l’aide à la réduction temporaire du temps de travail baptisée « activité réduite pour le maintien de l’emploi » conditionnée à un engagement de l’entreprise sur l’emploi. Sachant que lors de la commission mixte paritaire qui s’est tenue sur le projet de loi de prorogation de l’état d’urgence sanitaire, il a été décidé de conditionner l’accès à ce dispositif à la conclusion d’un accord, dans la branche ou l’entreprise.
S’ajoutera à ces concertations le lancement, toujours sous l’égide de Muriel Pénicaud, de deux autres. La première portera sur l’emploi des jeunes. Elle démarrera aussi mi-juin et associera d’autres acteurs que les partenaires sociaux, y compris des « personnalités qualifiées ». « On se donne trois semaines pour présenter un plan », précise l’entourage de Muriel Pénicaud.
Concernant la formation aussi, sur laquelle l’exécutif a pris la main et mené sa réforme au grand dam des partenaires sociaux, la crise rebat les cartes et le travail va être remis sur le métier avec les syndicats et le patronat. Mais l’échéance est – un peu – plus lointaine : l’idée est d’être prêt pour la présentation du plan de relance, donc à la rentrée. « Il faudra sans doute travailler à la réorientation du Plan national d’investissement dans les compétences (PIC) avec la définition de priorités différentes liées aux priorités de la relance de l’économie », note le ministère du travail.