C’est désormais la nouvelle urgence. Après avoir multiplié les plans d’aides sectorielles, le gouvernement entend donner corps à un autre volet de son plan de relance, l’emploi des jeunes . « Nous ferons tout pour leur ouvrir les portes du marché du travail », a expliqué ce lundi Bruno Le Maire sur « France Info ». Le secrétaire d’Etat à la Jeunesse Gabriel Attal avait, fin mai, annoncé un plan global pour les jeunes d’ici l’été.
Ce lundi, le ministre de l’Economie a évoqué « une adoption des mesures en juillet de façon à ce qu’elles puissent être appliquées en septembre ». En clair, le gouvernement entend profiter de l’examen au Parlement du troisième projet de loi de Finances rectificative présenté mercredi dernier. Cela lui laisse une quinzaine de jours pour affiner son dispositif, avant de présenter des amendements en ce sens.
Premier CDI
Début juin, un plan d’aide à l’apprentissage – avec plus de 1 milliard d’euros débloqués pour rehausser l’aide à l’embauche d’un apprenti – avait déjà été annoncé. Mais Bruno Le Maire a martelé ce lundi qu’il fallait aller plus loin pour l’emploi des jeunes. Pas avec de nouveaux emplois aidés, « des impasses » selon lui. Interrogé sur la proposition de Xavier Bertrand « zéro charge » pour l’embauche d’un jeune avec un premier CDI, il a rappelé que c’était déjà le cas au niveau du SMIC mais qu’il voulait « regarder la baisse de charges supplémentaires au-dessus d’1,6 SMIC pour les jeunes ».
Depuis quelques semaines, le Medef pousse pour « un dispositif autour du premier CDI, une idée que Xavier Bertrand semble avoir repris », explique aux « Echos » Geoffroy Roux de Bézieux. « L’intérêt, explique le responsable patronal, c’est que cela ne touchera pas uniquement les jeunes arrivant sur le marché du travail au 1er septembre prochain » mais tous ceux qui viennent de commencer à travailler et sont frappés de plein fouet par la crise. Prime ou baisse de cotisations : le Medef ne tranche pas. L’U2P, elle, plaide pour la seconde mesure parce qu’elle craint une concurrence entre prime à l’embauche et prime d’apprentissage.
Prime à l’embauche « plus efficace »
Mais de son côté, Bruno Le Maire estime sans doute « plus efficace » un système de « prime à l’embauche » et assuré qu’il consulterait les partenaires sociaux pour le choix final entre les deux options. Geoffroy Roux de Bézieux s’affirme ouvert aux deux options, expliquant que l’exonération de cotisations avantage plutôt les jeunes diplômés tandis que la prime à l’embauche pourrait souffrir d’une comparaison avec la prime d’apprentissage, fortement revalorisée.
Bruno Le Maire veut donc peser, alors qu’ils sont plusieurs au gouvernement à s’arracher ce dossier avant le remaniement attendu en juillet. La question est d’importance : selon une source gouvernementale, il pourrait y avoir 200.000 à 300.000 jeunes chômeurs de plus d’ici la fin de l’année. « Tout le monde au gouvernement s’accorde sur le fait que la baisse des charges n’est pas le plus efficace, du fait du niveau de salaire de la majorité des jeunes qui entrent sur le marché du travail. Il y a un vrai débat sur la prime à l’embauche », explique un ministre. Avec Bruno Le Maire, donc, très allant sur la prime à l’embauche et la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, qui serait plus prudente « car elle a peur que cela handicape l’emploi des seniors », selon la même source.
Des mesures complémentaires sont aussi envisagées, comme l’élargissement de la garantie jeunes ou encore la prolongation du statut d’étudiant d’un semestre. Gabriel Attal a indiqué étudier, avec la ministre du Travail, l’idée de renforcer le subventionnement des parcours emploi compétences (PEC) pour les jeunes.