Les réunions de concertations avec les organisations économiques se multiplient pour affiner le calendrier et les modalités de sortie de crise, rue de Grenelle notamment. Elisabeth Borne a confirmé ce lundi sur France Inter que tout cela se fera « par étapes », en démarrant a priori par la réouverture des terrasses des cafés ou restaurants mi-mai. Dans les entreprises, toujours contraintes par des protocoles sanitaires qui peuvent être « pesants », la ministre du Travail souhaite pouvoir « dès que ce sera possible redonner la main aux directions et aux salariés pour trouver les bonnes règles en matière de télétravail. »
En clair, la règle du télétravail à 100 % pour les postes éligibles, avec possibilité de venir une journée par semaine, devra être assouplie. Cette approche va de pair avec une sortie progressive des aides aux entreprises ou aux actifs, mais pas question de débrancher les tuyaux trop vite. Ce sera l’objet d’une réunion ce jeudi avec les partenaires sociaux à laquelle participera aussi le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire. Il s’agira de recaler les échéances, en grande partie dictées par l’évolution de l’épidémie.
« Accès prioritaire » à la vaccination
En attendant, le marché du travail étant encore contraint, les chômeurs en fin de droits vont bénéficier d’un mois de plus de versement de leur allocation (jusqu’à fin mai), a annoncé Elisabeth Borne. Sur le front de l’ activité partielle de droit commun, la prolongation d’un mois – jusqu’à fin mai là encore – du régime actuel n’attend plus que la publication des décrets. Pour rappel, ce régime laisse un reste à charge nul pour les employeurs les plus touchés, de 15 % pour les autres (dans les deux cas, l’indemnisation du salarié est là même, à hauteur de 70 % de sa rémunération brute, 100 % au niveau du SMIC).
Si les premiers, dans l’hébergement ou la restauration en notamment, continuent de recourir par la force des choses au dispositif, c’est encore le cas des seconds, comme le montrent les chiffres de février avec au total 2,1 millions de salariés effectivement placés en activité partielle, contre 2,3 millions en janvier. Prudent, le ministère a donc souhaité se donner un mois de plus avant de leur imposer un taux de reste à charge de 40 %, compte tenu du risque pour les centaines de milliers d’emplois concernés.
Echéance du 1er juillet
Qu’en sera-t-il de l’échéance du 1er juillet qui prévoit un basculement dans le régime cible, à savoir une indemnisation des salariés à hauteur de 60 % de leur brut et un reste à charge de 40 % pour toutes les entreprises, des secteurs protégés ou non ? Ce sera l’un des sujets débattus de la réunion. « Quand des salariés sont payés quelque part par l’Etat (et aussi l’Unédic, NDLR) depuis des mois, on ne va pas prendre le risque de retirer ces aides trop vite et de mettre les entreprises en difficulté et du coup d’avoir des licenciements », a indiqué Elisabeth Borne.
On peut imaginer que l’exécutif maintienne quelques dérogations au régime cible, tout en misant sur un recours massif à l’activité partielle de longue durée pour les entreprises qui ont besoin de plus longtemps pour retrouver leur pleine forme, comme dans l’aéronautique. La concertation de jeudi sera aussi l’occasion d’identifier d’éventuels nouveaux dispositifs pour aider celles dont les difficultés dépassent la crise, du fait de contraintes environnementales par exemple. Le recours au télétravail n’allant pas totalement disparaître, il faut aussi anticiper les conséquences dans l’immobilier de bureau et les services associés.
Auparavant, les partenaires sociaux sont conviés ce mardi pour discuter d’un autre sujet : la priorité de vaccination à accorder à certaines professions qui ne télé-travaillent pas, en plus des enseignants et des forces de l’ordre, seulement au-delà de 55 ans à ce stade. Pourraient en bénéficier les éboueurs, les conducteurs de bus, les agents d’entretien ou encore les assistantes maternelles. « Ce sont des professions pour lesquelles je souhaite qu’il y ait un accès prioritaire », a anticipé la ministre du Travail. Celle-ci attend en retour des propositions de la part des syndicats et du patronat sur ce sujet sensible.