C’était le monde d’avant, quand tout le monde ne rivalisait pas d’idées pour renforcer le poids de l’Etat, comme actuellement en pleine crise de coronavirus . Les suppressions de postes dans la fonction publique d’Etat ont ainsi été, de façon surprenante, plus élevées que prévu l’an dernier, avec au total 3.601 fonctionnaires en moins, contre un objectif de -1.571 affiché par le gouvernement. C’est ce que révèle le rapport de la Cour des comptes sur l’exécution budgétaire 2019 de l’Etat publié ce mardi .
L’évolution reste malgré tout modeste par rapport aux objectifs initiaux en 2017 du gouvernement, qui avait promis 50.000 postes en moins pour l’Etat sur le quinquennat avant d’abandonner cette ambition avec la crise des « gilets jaunes ».
La Cour des comptes n’a pas obtenu de l’exécutif d’explications à cette évolution. On peut noter que le ministère de la Justice a moins recruté que prévu et surtout que les suppressions de postes sont supérieures aux attentes dans l’Education nationale, qui a du mal parfois à pourvoir tous ses postes. Ainsi les effectifs de ce ministère ont baissé en 2019 pour la première fois depuis 2012, avec 3.816 postes en moins quand il n’était prévu que -1.800 dans le projet de budget.
Masse salariale en hausse
Cela n’a pas empêché la masse salariale de l’Education nationale de continuer à progresser (+1,6 % en 2019, soit +13,7 % entre 2012 et 2019) comme celle de la fonction publique d’Etat en général. Pour cette dernière la hausse est également de +1,6 %, en léger ralentissement après le +2 % enregistré en 2018. « La croissance de la masse salariale reste ainsi nettement supérieure à la moyenne des 7 derniers exercices (+0,9 %) », écrit la Cour des comptes, du fait notamment de mesures catégorielles entraînées par l’application du protocole sur les carrières dit PPCR mis en place par le gouvernement Hollande. Au final les dépenses de personnel ont représenté 39 % des dépenses du budget général de l’Etat en 2019.
Compte tenu de ce poids, il est logique que les dépenses du budget général aient connu l’an dernier « une augmentation significative (+2,2 %) après le ralentissement observé en 2018 (+0,4 %) ». Et ce d’autant plus qu’à côté de la masse salariale, l’Etat a également ouvert les vannes pour ce qu’on nomme les « dépenses d’intervention ». La revalorisation de la prime d’activité y est pour beaucoup (+4 milliards) ainsi que certains crédits du ministère de l’Ecologie (avec le chèque énergie ou la prime à la conversion automobile , dont le coût a bondi à 824 millions). Rien de comparable toutefois avec ce qui se prépare pour 2020, où les dépenses devraient flamber en réponse à la crise du coronavirus.