En pleine crise sanitaire, la difficile mission des Restos du Coeur

L'association fondée par Coluche lance ce mardi sa 36ème campagne hivernale, compliquée par des contraintes sanitaires et par l'afflux de nouveaux inscrits. Les stocks actuels devraient suffire pour cette année, mais la situation pourrait se dégrader à long terme.


A volunteer (C) of the charity 'Les Restos du Coeur' distributes food to a woman in need at a center of the charity in Paris on October 13, 2020. (Photo by Christophe ARCHAMBAULT / AFP)

C’est l’un des effets les plus redoutés de la crise sanitaire. Intérimaires, CDD, étudiants, auto-entrepreneurs… des milliers de personnes pourraient basculer dans la pauvreté, parfois de manière durable. « Ce sont des gens qui arrivaient à tenir mais dont la situation était fragile. Là, ils passent de l’autre côté », soupire Yves Merillon, administrateur des Restos du Coeur. L’association, qui lance mardi sa nouvelle campagne hivernale, s’apprête à relever un double défi, entre l’afflux de nouveaux bénéficiaires et les contraintes liées à la pandémie de Covid-19.

Les perspectives ne sont pas roses. S’il est compliqué d’évaluer précisément l’ampleur du phénomène, « nous savons que notre activité est corrélée à la courbe du chômage », rappelle le responsable. La crise financière de 2008 pourrait malheureusement avoir donné l’exemple : le nombre d’inscrits avait bondi de 15 % la première année, et de 25 % sur deux ans. Plus inquiétant encore : ces « nouveaux pauvres » le sont pour la plupart restés.

« Cette semaine, nous avons par exemple 10 % d’inscrits en plus par rapport à la même époque il y a un an », indique Yves Merillon, laissant présager d’une explosion si l’activité économique ne revient pas rapidement à la normale. Sans compter les personnes à la rue, dont le recensement s’avère compliqué mais dont l’augmentation est estimée à 40 % par l’association.

Aides européennes en hausse

Sans surprise, la tâche des quelque 73.000 bénévoles est compliquée par les mesures sanitaires en vigueur. Les locaux, pas assez vastes et donc inadaptés au respect des gestes barrière, constituent la principale difficulté. Pour la distribution de repas, un système de « drive » a été mis en place. Mais le lien social, que les Restos du Coeur s’efforcent de tisser, s’en trouve considérablement réduit. Aide aux démarches administratives, cours de français, « on n’est pas seulement un distributeur de boîtes de conserve », rappelle Yves Merillon.

Autre particularité de cette campagne hivernale : la baisse du nombre de bénévoles sur le terrain, puisque la grande majorité d’entre eux sont retraités. Lors du premier confinement décidé en mars, tous les plus de 70 ans avaient été priés de rester chez eux. Et aujourd’hui, 40 % des troupes sont encore en retrait. Heureusement, des actifs, notamment ceux qui bénéficient du chômage partiel, sont venus grossir les rangs.

La période apporte malgré tout son lot de bonnes nouvelles, toutes relatives soient-elles. D’une part, la solidarité des Français s’est largement exprimée, avec une nette hausse lors des 11 premiers mois de l’année. D’autre part, et alors qu’un repas sur trois est financé par les aides européennes, celles-ci ont été revues à la hausse. L’an prochain, les Restos du Coeur devraient percevoir quelque 19 millions d’euros de la part du Fonds social européen (FSE +). Résultat, « nous n’avons pas de problème de stock pour cette année. Mais nous sommes plus inquiets pour le long terme », résume le responsable.


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