Ces derniers jours, l’exécutif a voulu rassurer les centaines de milliers de jeunes prêts à débarquer sur le marché du travail : ils sont la nouvelle priorité. « Nous travaillons actuellement avec les partenaires sociaux à une réduction du coût d’embauche des jeunes », a de fait promis fin juin, Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des Finances.
Le climat est effectivement anxiogène pour les nouveaux diplômés, derniers arrivés sur un marché de l’emploi en souffrance alors que la pandémie de coronavirus a mis le pays à l’arrêt pendant trois mois. L’Etat veut donc être à leurs côtés pour éviter la Bérézina.
En dévoilant son Plan jeunes, le gouvernement a notamment insisté sur un dispositif exceptionnel d’aide à l’embauche . La ministre du Travail, Elisabeth Borne, doit encore réunir en concertation express les partenaires sociaux cette semaine pour en arrêter les contours exacts. Mais voici d’ores et déjà ce que l’on sait.
1. Quelle est l’idée ?
La mécanique est simple : en baissant le coût du travail, l’exécutif espère inciter les entreprises à recruter des jeunes. A l’origine, la piste privilégiée était une « exonération de charges », comme l’avait décrite Emmanuel Macron lors de son allocution du 14 juillet. Une exonération avec un périmètre bien précis. Concrètement, l’employeur n’aurait plus à verser les cotisations salariales à l’Urssaf mais pourrait les garder dans ses caisses. De quoi redonner quelques couleurs à sa trésorerie et donc à sa capacité d’investissement.
Pour le jeune salarié, il n’y aurait aucun changement. Son revenu net resterait le même et il bénéficierait bien de toute la couverture sociale associée à son brut. Pour l’entreprise, les cotisations versées par son salarié n’étant pas appelées, elle pourrait donc conserver près de 20 % du salaire brut de son employé.
L’aide ne concernerait que les charges salariales parce qu’en France, les employeurs sont déjà exonérés de cotisations patronales sur les plus bas salaires. Or c’est bien ceux-là qui sont visés. Dimanche soir, le vent semblait toutefois tourner. L’aide pourrait finalement prendre la forme d’une prime à l’embauche, un système que Bruno Le Maire trouve « plus efficace ». Si cette option est préférée, une prime serait donc versée pour tout recrutement en CDI ou CDD de plus de six mois, d’un montant de 4.000 euros maximum sur deux ans. Le bénéfice d’une telle prime serait limité aux embauches de salariés jusqu’à 1,6 Smic.
Quelle que soit sa forme, l’aide serait donc plafonnée, et s’inscrira dans une limite de salaire et d’âge.
2. Qui ça concerne ?
L’exécutif aurait calibré son aide à hauteur de 4.000 euros pour les moins de 25 ans jusqu’à 1,6 SMIC, soit 2.460 euros bruts. Une borne que l’exécutif a justifiée en disant vouloir favoriser l’embauche de salariés à « faibles qualifications ».
Aussi, ce dispositif n’est ouvert qu’aux seuls jeunes embauchés (ceux déjà en poste devraient vraisemblablement en être exclus). Concernant les CDD, l’aide pourrait être pro-ratisée. Autrement dit, l’entreprise gagnerait bien 4.000 euros pour un jeune en CDI mais moitié moins pour un CDD de six mois, etc.
Selon les récentes déclarations d’Elisabeth Borne, le premier scénario (celui de l’exonération de charges) pourrait sécuriser environ 250.000 embauches. Soit un peu plus du tiers des 700.000 jeunes qui vont sortir du système scolaire d’ici septembre. Mais tout n’est pas encore acté.
Le Medef milite notamment pour que le seuil de rémunération soit revu à la hausse afin de rendre également éligibles les plus diplômés – soit un âge plafond de 27 ans jusqu’à 2 SMIC. Les organisations patronales sont toutefois satisfaites de cette nouvelle mesure.
« C’est une décision qui va dans le bon sens », a par exemple estimé Patrick Martin, le président délégué du Medef. Du côté des syndicats, le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, voudrait qu’il y ait plus de garanties concernant les employeurs et que seuls les embauches en CDI soient aidées.
3. Combien ça devrait coûter à l’Etat ?
Pour l’instant, ce dispositif devrait durer « au moins » un an voire deux. De quoi représenter une certaine enveloppe pour les finances publiques. Dans le scénario actuel (jusqu’à 1,6 SMIC et 25 ans maximum), l’Etat devrait ainsi compenser 300 millions d’euros en 2020 et 1,6 milliard en 2021.
Soit 1,9 milliard en cumulé, selon les chiffres donnés par Bruno Le Maire vendredi dernier, intervenant en préambule de l’examen du troisième projet de loi de Finances rectificative par le Sénat. Sans compter les autres mesures imaginées par le gouvernement pour sauver les jeunes d’une hécatombe sur le marché de l’emploi mais dont le coût budgétaire n’a pas encore été précisé.
4. Quelles sont les autres aides prévues pour favoriser l’embauche des jeunes ?
L’exécutif n’a pas circonscrit son intervention à cette seule aide à l’embauche. En parallèle, il a décidé de créer 300.000 « parcours et contrats d’insertion » pour ceux qui sont les plus en difficultés. A cela s’ajouteront 100.000 places en service civique dans les six mois à venir, en plus des 140.000 déjà budgétées.
Dernier dispositif enfin, le gouvernement va assurer 200.000 places en formation qualifiantes supérieures pour que les jeunes sans « aucune perspective d’embauche » puissent poursuivre leurs études entre un et deux semestres.