Tout reste à faire. Le gouvernement doit encore convaincre les Français de l’efficacité de son plan de relance . C’est ce qui ressort d’un sondage Elabe pour « Les Echos », Radio classique et l’Institut Montaigne. Si 58 % des personnes interrogées jugent que le plan de relance permettra bien de soutenir les entreprises en difficulté, ils se montrent plus sceptiques sur d’autres objectifs des mesures présentées la semaine dernière.
Le plan suscite des doutes importants quant à son effet sur la croissance, l’emploi et la transition écologique. Ainsi, 58 % des Français pensent qu’il ne permettra pas « de rétablir la croissance économique du pays d’ici à 2022 », 66 % estiment qu’il ne permettra pas « de lutter efficacement contre le chômage » et les deux tiers des Français considèrent qu’il ne réussira pas à « accélérer la transition écologique ». Autant de buts pourtant mis en avant par le gouvernement.
Défiance des politiques
« Les Français savent désormais que la crise sera dure et que, même avec le plan de relance, ils n’y échapperont pas », explique Bernard Sananès, le président d’Elabe. Le sondeur relève un autre point : « Aujourd’hui, la défiance vis-à-vis des politiques est générale en ce qui concerne les questions économiques et sociales ». Reste que la valse des milliards d’euros n’a pas suffi à frapper les Français. « Le gouvernement n’a pas réussi à convaincre l’électorat de la rapidité de mise en oeuvre de son plan non plus », note Bernard Sananès.
En effet, 64 % des personnes interrogées s’attendent à ce que les mesures ne soient pas mises en oeuvre rapidement et efficacement. Plus grave, les Français ne croient pas non plus à l’impact du plan de relance sur leur situation personnelle ni sur leur environnement proche. Seuls 19 % des Français jugent que les annonces du Premier ministre auront un effet positif sur leurs finances. Même dans les classes sociales supérieures, le doute est de mise.
Coup de frein sur la consommation à venir
Conséquence : 40 % des personnes interrogées par Elabe envisagent de réduire leurs dépenses dans les prochains mois alors même que le revenu de la majorité des Français a été peu touché jusqu’ici . « Les gens appréhendent la crise et commencent à le prendre en compte dans leur comportement d’achat. Malgré les injonctions du gouvernement à consommer, les Français ne semblent pas y être prêts », selon Bernard Sananès.
C’est là qu’est le danger en matière économique. La réussite du plan de relance dépendra en grande partie de l’attitude des Français et de leur optimisme ou pessimisme. Le mécanisme ressemble en effet à des anticipations autoréalisatrices. Si les Français sont persuadés que le pays s’en sortira, ils consommeront et permettront à l’économie de se relever. S’ils freinent leurs dépenses, l’histoire sera tout autre . Le point positif dans l’enquête d’Elabe, c’est que les jeunes sont plus optimistes que les retraités. Malheureusement, ce ne sont pas eux qui disposent du plus fort pouvoir d’achat.
Sondage effectué les 8 et 9 septembre 2020 auprès d’un échantillon de 1.000 personnes, selon la méthode des quotas.
