Entre autres conséquences du confinement, des milliers de personnes – apprentis, salariés, chômeurs ou particuliers – ont trouvé porte close du jour au lendemain auprès de leur organisme de formation le 17 mars. Conscient de la nécessité de la voir poursuivre son activité, le ministère du Travail a aidé la profession pour qu’elle bascule autant que possible ses enseignements à distance, ce qu’elle a réussi à faire en partie, mais en partie seulement.
C’est ce qui ressort d’une enquête que le ministère et les régions ont lancée durant cette période et qui explique la nécessité d’inclure un chantier de modernisation du secteur dans le plan de relance qui sera présenté mardi prochain. Le taux de réponse à cette enquête, à laquelle « Les Echos » ont eu accès, démontre à quel point la crise a servi d’électrochoc dans les rangs : environ 14.400 répondants, soit un très grand pourcentage des organismes de formation actifs en France, centre d’apprentis inclus. « En soi, un tel niveau c’est un indicateur », confirme un spécialiste qui a participé aux travaux.
Bascule à marche forcée
Premier constat, près d’un organisme de formation sur deux a réussi à maintenir une activité avec ses apprenants en basculant tout ou partie de ses enseignements à distance ou parce que c’était déjà le cas. A contrario, un tiers d’entre eux ont dû fermer boutique sans modalités de reprise identifiée quand ils n’ont pas dû annuler leurs formations, souvent, il est vrai, car elles ne pouvaient pas se réaliser sans la présence physique du stagiaire, ou parce que le client en avait décidé ainsi malgré une proposition alternative en distanciel.
La bascule s’est donc faite pour la moitié de la profession, mais à marche forcée car ceux qui l’ont faite ont dû, pour la quasi-totalité d’entre eux, bousculer leur organisation dans l’urgence. Au début du confinement, un organisme de formation sur deux qui a poursuivi ne délivrait aucune formation au moins partiellement en ligne. Pour plus d’un quart, c’était moins de 10 %.
Inégalités accentuées
Au passage, l’enquête rappelle à quel point la fracture numérique reste une réalité. Manque de compétences dédiées, débits de connexion insuffisants, autonomie insuffisante quand ce n’est pas, tout simplement, l’ordinateur qui fait défaut : un organisme de formation sur deux a mis en avant les problèmes d’accès de leurs apprenants. « Cette crise accentue donc potentiellement les inégalités entre apprenants, les conditions de vie (logement, contexte familial) venant ajouter des difficultés périphériques à celles relatives à l’accès aux ressources informatiques et numériques en tant que telles », souligne l’enquête.
Les derniers enseignements seront utiles pour dessiner les grands axes du plan de modernisation dont la profession ne peut plus faire l’économie. En tête de liste de ce que les répondants estiment qu’il va falloir retravailler pour l’après-crise, on trouve des contenus pédagogiques, des modalités d’évaluation ou d’animation adaptés à un enseignement multicanal. Mais aussi les aides au financement des plateformes numériques modernes qui vont avec.