Depuis le début du mois, il y a comme un parfum de liberté chez les Français et d’optimisme chez les patrons. L’indice PMI publié chaque mois par l’institut Markit, qui retrace le moral des chefs d’entreprise, a grimpé à 57 points en mai contre 51,6 points en avril. Il est désormais à son plus haut niveau depuis juillet 2020, ce qui signifie que le secteur privé français a connu ce mois-ci sa plus forte croissance de l’activité au cours des 10 derniers mois.
La hausse est aussi plus prononcée qu’en Allemagne. Ce qui fait penser que l’économie française pourrait être capable de se redresser très vite, un peu comme elle l’avait fait à l’été dernier, après le premier confinement.
Le bout du tunnel
Ce sont évidemment les chefs d’entreprise des services dont le moral s’est le plus apprécié ce mois-ci avec la perspective de la réouverture des magasins, des terrasses et le décalage du couvre-feu à 21 heures . Mais au-delà, toute l’Europe semble retrouver un peu de baume au coeur . L’institut Markit note ainsi que « le degré de confiance des entreprises quant à leur volume d’activité à douze mois a atteint un nouveau sommet historique ».
Par ailleurs, la demande a connu sa plus forte croissance depuis quinze ans. Logique puisque nombre d’activités étaient fermées et les déplacements empêchés dans beaucoup de pays. La levée des restrictions sanitaires et l’accélération de la campagne de vaccination permettent désormais d’apercevoir le bout du tunnel.
Nouvelles difficultés à l’horizon
Malheureusement, les chefs d’entreprise aperçoivent déjà quelques difficultés à l’horizon. D’abord, les difficultés d’approvisionnements en matériaux et composants dues à la forte hausse de la demande et à la désorganisation des chaînes de valeurs liée à la pandémie, commencent à avoir des effets visibles. En France, « les pénuries de produits et la hausse de la demande ont entraîné une nouvelle augmentation marquée des prix payés », relève Markit. Et en Europe, « les coûts globaux des entreprises ont enregistré leur plus forte inflation depuis mars 2011 ».
C’est particulièrement vrai en ce qui concerne l’industrie allemande. Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement ont contribué à augmenter sensiblement les coûts des entreprises qui ont grimpé au rythme « le plus rapide jamais enregistré ».
Retards de livraisons
Ensuite, pour Trevor Balchin, économiste chez Markit, cité dans le communiqué, en France, « la production manufacturière a de nouveau été ralentie par les pénuries de matières premières et les retards de livraison ». Et c’est aussi le cas en Allemagne où 79 % des industriels interrogés en mai indiquent avoir subi des retards de livraisons de leurs fournisseurs, un chiffre jamais atteint jusqu’ici.
La reprise est en effet très forte en Asie et aux Etats-Unis et de nombreuses usines de la planète ont été désorganisées par le Covid, ce qui complique l’approvisionnement dans certains produits. Sans compter que les stocks des entreprises européennes étaient très bas quand la deuxième vague de la pandémie a touché le Vieux Continent.
Enfin, des difficultés de recrutements commencent à apparaître. L’enquête de Markit en mai « sembleindiquer des difficultés de recrutement au sein du secteur des services français, les entreprises n’ayant pu éviter une nouvelle accumulation du travail en attente », selon Trevor Balchin. Ces problèmes touchent aussi d’autres pays européens.
Quand la demande repart aussi vite, l’offre ne peut pas nécessairement suivre. Il y a un temps de latence. D’où ces difficultés qui, selon Bruno Cavalier, le chef économiste d’Oddo BHF, « sont en général de courte durée. Il devrait en être de même pour les tensions de prix qui les accompagnent ».