Critiqué sur sa gestion de la crise du carburant, le gouvernement tente de reprendre la main. Le ministre délégué des Comptes publics a ainsi attaqué la CGT, qui entretient le mouvement de grève dans les raffineries et dépôts de TotalEnergies malgré l’accord majoritaire sur les salaires signé par d’autres syndicats, parlant d’une situation « inacceptable ».
« Quelques syndicalistes donnent parfois l’impression de s’asseoir sur les intérêts de millions de Français », a dénoncé le locataire de Bercy, invité de l’émission Grand Rendez-Vous Europe1 – CNews – « Les Echos ». « Ce qui est inacceptable, ce sont ces situations de blocage alors même que des accords majoritaires ont été trouvés […] Je trouve cela incompréhensible », a poursuivi le ministre.
Pénuries de carburant
Malgré la signature par la CFDT et la CFE-CGC d’un accord actant une hausse globale de 7 % pour les salariés des raffineries et des dépôts de TotalEnergies, cinq sites restaient en grève ce dimanche, la CGT réclamant une enveloppe d’augmentations salariales supérieure. Le gouvernement a annoncé que 27,3 % des stations-service étaient encore en rupture d’approvisionnement sur au moins un produit samedi.
Sur ce point, Gabriel Attal a promis « un retour à la normale progressif » après les décisions de réquisitions, même s’il concède qu’il y a « des régions où la situation est différente », citant les difficultés en Ile-de-France et en Centre-Val de Loire. « En vingt-quatre heures, suite aux réquisitions des grévistes, vous avez 9.000 m3 de carburant qui ont pu sortir des dépôts, c’est l’équivalent de 110.000 ou 120.000 pleins pour des Français », a expliqué le ministre, ajoutant « qu’il va falloir plusieurs jours avant que la situation ne s’améliore ».
Coût des amendements
Ce n’est pas le seul point de tension pour le gouvernement, qui doit aussi gérer depuis quelques jours les débats mouvementés autour du projet de loi de finances pour 2023. Depuis le début de l’examen parlementaire mercredi dernier, les oppositions ont réussi à faire voter plusieurs amendements contre l’avis du gouvernement. Cela représente « près de 8 milliards d’euros de moindres recettes ou de dépenses supplémentaires depuis le début de la semaine, soit 1,5 milliard par jour », a dénoncé Gabriel Attal. Le gouvernement a également été défait par des amendements venus de son allié du Modem, mais le ministre y voit seulement la preuve « d’une majorité vivante ».
Pour autant, le ministre délégué des Comptes publics ne veut pas hâter le recours au 49.3 pour l’adoption du texte sans vote. « Nous avons débattu une cinquantaine d’heures dans l’hémicycle depuis le début de la semaine, c’est le contraire du blocage ou du passage en force. Je souhaite qu’on aille le plus loin possible dans le débat », a assuré le locataire de Bercy. Théoriquement, les débats sont censés durer jusqu’à mercredi 19 octobre. « Le 49.3, ce n’est pas un moment de brutalité, c’est un moment de vérité », a-t-il ajouté.
