La Banque de France juge possible une récession en 2023

Selon les nouvelles projections de la banque centrale publiées jeudi, l'activité économique pourrait osciller l'an prochain dans l'Hexagone entre une hausse de 0,8 % et un repli de 0,5 %. C'est pire que ce que prévoit le gouvernement dans son projet de budget.


A customer shops in a supermarket in Nice, France, August 18, 2022. REUTERS/Eric Gaillard

Après Bercy qui vient de réviser à la baisse son objectif de croissance pour 2023 et n’attend plus que 1 %, la Banque de France a, à son tour, livré jeudi ses nouvelles projections macroéconomiques. Une fois n’est pas coutume, elle a choisi de retenir une fourchette de prévisions tant le niveau d’incertitudes liées à la guerre en Ukraine et à la crise énergétique qu’elle provoque est élevé.

Ainsi, selon ses dernières estimations, le PIB de la France en 2023 pourrait osciller entre une hausse de 0,8 % et un repli de 0,5 %, après une progression estimée à 2,6 % cette année. L’inflation serait, elle, comprise l’an prochain entre 4,2 % et 6,9 % mesurée par l’indice harmonisé IPCH.

Une année « difficile à passer »

Dans tous les cas, la Banque centrale s’attend donc à un scénario plus pessimiste que celui envisagé par l’exécutif, tout en demeurant résolument positive sur l’avenir : « L’économie française est bien positionnée pour traverser la crise énergétique », assurent ses experts qui voient le retour de l’expansion économique dès 2024 avec une croissance à 1,8 %. 

En attendant, 2023 sera une année « difficile à passer ». La Banque de France anticipe un « net ralentissement à partir de l’hiver prochain ». Si l’économie française devait se contracter, la récession serait « limitée et temporaire », souligne-t-elle toutefois. « Ce serait une récession technique limitée à 2 ou 3 trimestres », affirment ses économistes.

A ce stade, le scénario de référence retenu par l’institution prévoit une progression de 0,5 % du PIB l’an prochain (avec une hausse des prix estimée à 4,7 % en moyenne sur l’année), indiquant ainsi pencher pour la fourchette haute de l’estimation.

Le contexte reste néanmoins extrêmement mouvant. A l’inconnue de l’évolution des cours du gaz et du marché de gros de l’électricité s’ajoutent les interrogations sur les quantités livrables, le niveau des substitutions ou la nécessité de procéder à des coupures affectant ménages et entreprises.

Stagnation du pouvoir d’achat par habitant

La vitesse de repli de l’inflation va, elle aussi, dépendre du marché de l’énergie. Quoi qu’il en soit, un retour vers les 2 % visés par la Banque centrale n’est pas attendu avant la fin 2024. De fait, la hausse des prix de l’alimentation et des produits manufacturés va demeurer « élevée » l’an prochain du fait de la diffusion de la flambée des coûts. L’augmentation des prix des services sera entretenue par la progression des salaires.

Au vu des négociations salariales dans les entreprises , la Banque de France anticipe une hausse du salaire moyen par tête de 5,5 % l’an prochain, après 5,4 % en 2022, « sans voir de signe d’amorce d’une spirale prix-salaire ». Les créations d’emplois marqueraient le pas. Dans le contexte actuel d’inflation élevée, le pouvoir d’achat par habitant se stabiliserait tout de même, soutenu par la revalorisation de certaines prestations sociales, après un recul de 0,5 % cette année.

Ces projections ont été réalisées avant la présentation du nouveau format du bouclier tarifaire qui sera mis en oeuvre à partir de janvier prochain mais avec des hypothèses « assez proches ». La consommation des ménages serait ainsi en hausse modeste de 0,6 % l’an prochain. Les ménages puiseraient néanmoins légèrement dans leur bas de laine, le taux d’épargne revenant à 15,8 % du revenu disponible contre 16,2 % cette année.


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