L’équation budgétaire reste très compliquée en raison de la crise sanitaire. A fin juillet, le déficit a dépassé les 150 milliards d’euros. Mais Bercy perçoit quelques signaux encourageants. Notamment du côté de la TVA. Bruno Le Maire l’a souligné vendredi matin sur BFMTV et RMC. « La consommation a redémarré en mai, en juin, en juillet. Nous venons d’avoir les chiffres de la TVA pour le mois d’août, 15,5 milliards d’euros de recettes, c’est 0,7 milliard de plus qu’en août 2019. Donc c’est un chiffre très tangible pour montrer que la consommation redémarre », a déclaré le ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance.
Effet amplifié par les mesures de soutien
Fin août, le locataire de Bercy avait déjà fait valoir que l’embellie observée en mai et juin ne s’expliquait pas seulement par un effet de rattrapage. « Les mesures que nous avons prises pour protéger les emplois et soutenir la demande dans un certain nombre de secteurs comme l’automobile ont amplifié cet effet », déclarait-il aux Echos , tout en appelant les Français à « consommer et investir dans l’économie les 100 milliards d’euros épargnés pendant la crise ».
Ces chiffres de TVA apportent de l’eau au moulin du gouvernement, au lendemain de la présentation du plan de relance. Bercy espère sans doute faire taire ceux qui jugent le dispositif de 100 milliards d’euros trop généreux envers les entreprises et qui exhortent le gouvernement à davantage aider les ménages.
Il est en réalité trop tôt pour avoir des certitudes sur la reprise. « Il faut se montrer prudent car les ménages ont peut-être adopté un comportement différent du fait des vacances. Par ailleurs, si la consommation de biens a renoué avec ses niveaux d’avant le confinement dès juin, les indicateurs concernant la consommation de services sont toujours en retrait. La suite dépendra du comportement des Français en matière d’épargne et donc de leur niveau de confiance », analyse Denis Ferrand, directeur général de Rexecode. L’interprétation des flux mensuels de TVA est aussi brouillée par le comportement peu prévisible des entreprises en matière de demandes de remboursements, particulièrement en temps de crise.
Impôts sur les sociétés
La TVA n’est pas la seule bonne surprise qui touche Bercy. Le dernier pointage budgétaire montre que l’Etat a atteint son objectif de recettes d’impôt net sur les sociétés (IS) pour 2020. Au total, 15,8 milliards sont entrés dans les caisses de l’Etat entre le 1er janvier et la fin juillet, soit le montant inscrit dans le troisième projet de loi de finances rectificative (PLFR) de cet été. Ces rentrées restent néanmoins faibles et bien en-dessous de l’objectif de recettes d’IS fixé à 48 milliards dans la loi de finances initiale.
Parmi les autres recettes, l’Etat a collecté 63,3 milliards de TVA entre janvier et fin juillet, en baisse de 17% par rapport à 2019. Plus de 32 milliards d’impôts sur le revenu sont entrés dans ses caisses, un niveau comparable à celui de l’an passé. Enfin, il a perçu 4,2 milliards de Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE). Le recul se monte à 34% par rapport à l’an passé, mais les distributeurs estiment, là aussi, que la consommation d’essence et de gazole est revenu à la normale cet été (juillet-août).