C’est ce qui s’appelle un baptême du feu. Une semaine à peine après avoir été élu à la tête de Force ouvrière , Frédéric Souillot a retrouvé ce vendredi les autres leaders syndicaux pour un déjeuner avec le chef de l’Etat à l’Elysée . Enfin presque tous, car Philippe Martinez, numéro un de la CGT, a refusé de participer à ce « déjeuner de campagne », à deux jours du premier tour des élections législatives. « Il ne voulait pas venir manger avec vous mais par contre il est prêt à me rencontrer en bilatérale, ce que j’ai refusé », a déclaré en Emmanuel Macron selon un des leaders présents.
L’initiative du cégétiste a été moyennement appréciée par ses homologues qui, tous, ont affiché la convergence de leurs préoccupations « avec chacun leurs mots » et, échaudés par le premier quinquennat, attendent de juger « aux actes ».
Réunion avec les partenaires sociaux
« On l’a tous alerté sur le climat général », souligne Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, dont le congrès démarre ce lundi. « Et sur les salaires et le pouvoir d’achat », complète Frédéric Souillot. « Il a été prévenu sur la retraite », ajoute François Hommeril, de la CFE-CGC.
Face aux syndicalistes CFDT, FO, CFE-CGC et CFTC, le président de la République n’a pas été très précis : il doit déjeuner avec les dirigeants patronaux mardi. Mais il a tout de même tracé des pistes, sur la future loi sur le pouvoir d’achat et sur les contours de son Conseil national de la refondation (CNR) .
Concernant le projet de loi sur le pouvoir d’achat, une réunion sur le sujet avec les partenaires sociaux aura lieu après le deuxième tour des élections législatives, a assuré Emmanuel Macron. Elle se tiendra dans « la semaine qui suivra l’élection », ont compris les syndicalistes. « Il va nous réunir sous une forme de conférence sociale à la Hollande », selon l’un d’eux, faisant référence aux rendez-vous organisés entre 2012 et 2017 par l’exécutif avec le patronat et les syndicats.
Légère détente du calendrier
En tout cas, l’initiative va impliquer une légère détente du calendrier. Il était prévu initialement que le projet de loi soit présenté en Conseil des ministres le 29 juin, ce qui imposait une transmission aux caisses de Sécurité sociale au plus tard le 22 juin, trois jours seulement après le second tour. Autant dire que cela ne laissait aucune réelle marge de manoeuvre pour une consultation du patronat et des syndicats.
L’objectif de l’exécutif est que le texte puisse être définitivement adopté avant la fin de la session parlementaire extraordinaire, ce qui resterait jouable en déplaçant au 6 juillet la date d’examen en Conseil des ministres, soit deux jours après le discours de politique générale à l’Assemblée de la cheffe du gouvernement.
« Une méthode et non une structure »
La rencontre sur le pouvoir d’achat sera-t-elle le premier événement à mettre au crédit du fameux CNR ? Voire. Mais le chef de l’Etat a, en revanche, clairement dit aux syndicalistes présents qu’il s’agirait d’« une méthode et non pas d’une structure ».
L’idée serait de « pouvoir engager [un travail] avec les forces politiques, les syndicats et les associations », a expliqué Emmanuel Macron, évoquant le partage des « convergences et des écarts » sur le « constat sur l’état de la nation » et l’idée de « caler des objectifs communs ». Il a évoqué plusieurs « chantiers » outre le pouvoir d’achat : le paritarisme, la décentralisation, la réindustrialisation, les compétences et la formation, et a parlé d’un séminaire sur les retraites en septembre.