Publiées le 25 février, au premier jour de l’invasion de l’Ukraine, les perspectives financières de l’Unédic avaient surpris avec le pari d’un retour au vert cette année. Après trois mois de conflit, les nouvelles prévisions publiées ce mercredi confirment le retour à meilleure fortune de l’association paritaire qui gère le régime d’assurance-chômage.
« La situation est compliquée mais le retour aux excédents est confirmé », a indiqué sa présidente issue de la CFDT, Patricia Ferrand. Les paramètres ont évolué mais in fine « on arrive aux mêmes chiffres » , a renchéri le vice-président issu du Medef, Jean-Eudes Tesson. De quoi enclencher la résorption de la dette qui a atteint 63,6 milliards en fin d’année dernière, dont une vingtaine liée aux mesures d’urgence pendant la crise.
Fin des mesures d’urgence
Côté recettes, les comptes bénéficient du maintien des créations d’emplois, même si celles-ci vont probablement marquer le pas. La très forte inflation favorise aussi la hausse de la masse salariale. Côté dépenses, l’Unédic table sur une stabilisation du nombre d’allocataires indemnisés. Résultat : 2,5 milliards d’euros d’excédents attendus cette année, puis 3,1 milliards en 2023 et 4,2 milliards en 2024.
L’amélioration de 2021 et 2022 est d’abord liée à la fin des mesures d’urgence, mais aussi à la conjoncture et aux premières économies tirées de la réforme des règles d’indemnisation, a résumé le directeur général de l’Unédic Christophe Valentie. A compter de 2023, l’amélioration ne proviendra plus que de la conjoncture et de la réforme entrée en vigueur fin 2021 après un long bras de fer avec les syndicats .
Réforme à évaluer
Son évaluation reste d’ailleurs à faire et l’Unédic n’est visiblement pas pressée de s’y mettre. Interrogée sur le sujet, Patricia Ferrand se retranche derrière la « rigueur scientifique » que commande un tel exercice. L’exercice en question est pourtant nécessaire pour entamer la négociation de la convention Unédic qui doit remplacer l’actuelle le 1er novembre.
Les partenaires sociaux ont jusqu’à quatre mois pour négocier sur la base d’un document de cadrage envoyé par Matignon. Ce qui suppose, pour tenir les délais, que le document parte d’ici à la fin juin. Le deuxième semestre devant être largement consacré à une autre négociation, celle sur les retraites, il est probable que le gouvernement prolonge la convention actuelle, selon nos informations.
A cet argument de calendrier s’en ajoute un autre pour expliquer le peu d’empressement à évaluer la réforme : son impact pourrait s’avérer moins noir que prévu en avril 2021 , même si la direction de l’Unédic a maintenu ses estimations depuis, provoquant au passage une vive réaction du trio Medef/CPME/U2P, les trois organisations patronales ne cachant pas leur soutien au volet indemnisation de la réforme.
Pour rappel, l’étude d’impact prévoit que 1,15 million d’allocataires soient touchés la première année, soit 41 % de ceux qui ouvriront des droits. Ils subiront en moyenne une baisse de leur allocation mensuelle de 17 % .