En dépit de la grogne sociale, notamment des mouvements de grève dans le secteur de l’énergie , le climat des affaires en France est resté stable en octobre, selon les chiffres publiés ce jeudi matin par l’Insee. L’indicateur calculé à partir des opinions des chefs d’entreprise pour synthétiser ce climat s’établit, tout comme en septembre , à 102. Soit « légèrement au-dessus de sa moyenne de longue période », indique l’Insee.
Mais cette stabilité est toute relative et les chefs d’entreprise sont toujours à la peine du fait de la hausse des prix de l’énergie, des questions de pouvoir d’achat et de leurs difficultés à trouver du personnel . Dans le détail en effet, le moral se dégrade dans plusieurs secteurs dont l’hôtellerie-restauration, le transport routier de marchandise et le commerce de détail. Une déprime toutefois en partie compensée par un rebond dans l’industrie et dans le bâtiment.
Manque de personnel
Dans le commerce de détail (hors commerce et réparation automobiles), le climat des affaires se « détériore nettement », souligne ainsi l’Insee. Si les problèmes de pouvoir d’achat des ménages pèsent naturellement sur ce secteur du commerce de détail, c’est une tout autre raison qui est mise en avant par les chefs d’entreprises interrogés : celle des difficultés de recrutement. « Cette dégradation résulte principalement de la diminution des soldes relatifs aux effectifs tant passés que prévus », résume en effet l’Insee. En revanche, ajoute-t-il, les détaillants sont un peu plus optimistes pour les prochains mois, tant sur les intentions de commandes que sur les ventes prévues.
Ce même problème de recrutement pèse aussi dans les services. Désormais, 62 % des chefs d’entreprise du secteur disent rencontrer des difficultés de recrutement. Un niveau inégalé depuis juillet 2000 – moment auquel l’Insee a commencé à s’intéresser à la question. Et, conséquence probable de cette situation, un chef d’entreprise sur trois estime ne pas pouvoir développer son activité du fait d’un problème d’offre.
La situation se dégrade particulièrement dans l’hôtellerie-restauration et dans les transports routiers de marchandises. Signe sans doute que ces secteurs qui peinent à recruter doivent aussi faire face aux retombées des problèmes de pouvoir d’achat des ménages et de l’envolée de prix de l’essence sur fond de guerre en Ukraine.
Du mieux dans le bâtiment et l’industrie
Les chefs d’entreprise du bâtiment et l’industrie jugent la situation plus favorable. Les premiers, constatant que leur activité passée s’est améliorée, tablent sur son maintien au cours des prochains mois, même s’ils estiment qu’il est plus difficile d’anticiper l’avenir. Alors que désormais 18 % d’entre eux connaissent des difficultés d’approvisionnement.
Mais là encore, les problèmes de personnel sont toujours au rendez-vous. Un chef d’entreprise sur trois se dit incapable d’accroître sa production en cas de commandes supplémentaires et de faire face à des difficultés faute de personnel.
Dans l’industrie, après trois mois consécutifs de baisse, « le climat des affaires se redresse légèrement, à la faveur notamment du rebond des soldes d’opinion relatifs à la production prévue et aux carnets de commandes ». Un rebond sans doute lié en partie au fait que, pour le troisième mois consécutif, la part des entreprises déclarant des difficultés d’approvisionnement diminue (37 %). La part de celles qui déclarent être confrontées à un manque d’effectif pour augmenter sa production, elle, reste stable (23 %).