Le commerce extérieur français affiche un déficit record

Le déficit commercial en biens de la France a atteint un niveau inédit de 71 milliards d'euros au premier semestre, selon les chiffres publiés vendredi par Bercy. Les échanges de services ne compensent que très partiellement ces mauvais résultats malgré un excédent «historique» de 34 milliards d'euros sur la période.


Jusqu’où le déficit du commerce extérieur de la France tombera-t-il ? Au premier semestre, le trou s’est encore nettement creusé, pour atteindre le montant colossal de 71 milliards d’euros, soit 20 milliards d’euros de plus que l’an dernier sur la même période, selon les chiffres publiés par Bercy ce vendredi matin.

« Ce chiffre est peu enthousiasmant », a reconnu dans un euphémisme le nouveau ministre délégué au Commerce extérieur, Olivier Becht, prenant soin de souligner que la France n’était pas la seule à souffrir du contexte mondial peu porteur – «l’Allemagne voit aussi sa situation se dégrader de 51 milliards d’euros sur les quatre premiers mois de 2022 par rapport à la même période de 2019 », a-t-il rappelé. Les chiffres sont néanmoins alarmants : à fin juin, le déficit commercial des biens atteint près de 122 milliards d’euros en cumul sur douze mois selon les Douanes françaises. Du jamais-vu, même pendant les précédents chocs pétroliers. Et de l’aveu même d’Olivier Becht, il n’y a pas de raison d’espérer une amélioration à court terme.

Un déficit, hors énergie, supérieur à 6 milliards par mois

Dans un contexte d’inflation élevée, la France est pénalisée par l’augmentation des prix de ses importations, d’énergie principalement. « Entre le deuxième trimestre 2020 et le deuxième trimestre 2022, le prix de l’énergie à l’importation a été multiplié par cinq », souligne Bercy. La facture énergétique a bondi de plus de 20 milliards, passant à 48 milliards au premier semestre 2022.

Perturbée par la pandémie , la situation n’a cessé de se détériorer depuis le milieu de l’an dernier. En 2021, le déficit de la balance commerciale s’est ainsi creusé à près de 85 milliards d’euros, l’énergie importée coûtant déjà plus cher avec la reprise post-Covid. En attisant la flambée des cours du pétrole et du gaz, la guerre en Ukraine a aggravé la perte. L’appréciation du dollar face à l’euro ces derniers mois a encore alourdi l’addition. Environ 60 % de la dégradation récente de la balance commerciale tient au renchérissement de la facture énergétique.

Mais le déficit énergétique de la France n’explique pas tout. Avec le redémarrage de la production industrielle, le déficit des biens intermédiaires – utilisés dans la fabrication des produits hexagonaux (acier, caoutchouc, etc.) – a également doublé depuis la fin 2020 et culmine à 3 milliards d’euros par mois.

Dépendance française aux produits importés

Hors énergie, le déficit mensuel dépasse désormais les 6 milliards d’euros. Plusieurs secteurs ont certes retrouvé des niveaux d’exportation supérieurs à ce qu’ils étaient avant la crise du Covid. Ce que Olivier Becht n’a pas manqué de souligner. C’est notamment le cas des produits agricoles et des produits alimentaires dont les ventes à l’étranger ont progressé de 24%, du textile (+26%) ou des produits pharmaceutiques, chimiques et cosmétiques.

Mais malgré la reprise, la contribution du secteur aéronautique et spatial, point fort traditionnel du commerce extérieur français reste demeure plus réduite qu’avant le Covid-19 et s’élève à 10 milliards d’euros au cours du semestre, contre 15 milliards en 2019 sur la période. L’industrie automobile reste elle aussi à la peine, « même si pour la première fois depuis deux ans les exportations sont reparties à la hausse», souligne le ministre.

La piètre performance du commerce de biens reflète aussi la dépendance française aux produits importés, conséquence de la désindustrialisation du pays . Fin avril, le déficit des échanges avec la Chine dépassait ainsi 75 milliards d’euros sur douze mois du fait de moindres livraisons d’Airbus mais aussi d’un bond de près de 30 % des importations (par rapport à 2019). Reflet de la forte demande pour les produits high-tech, les biens d’équipements de la maison, le textile etc.

Hausse des exportations en volume

Petite consolation, selon les estimations de l’Insee, au deuxième trimestre, les exportations hexagonales, en volume, ont progressé de 0,8 % tandis que les importations se sont repliées de 0,6 %. Cette « baisse des importations signifie que la hausse de la demande globale (extérieure et intérieure) ce trimestre a été satisfaite par une hausse de la production », note l’institut.

L’économiste d’Asterès, Sylvain Bersinger, reste prudent : « Il faudra vérifier si cette tendance se confirme au cours des prochains mois », dit-il, voyant plutôt dans ce recul « les effets probables de la morosité de la consommation des ménages en début d’année ».

Les touristes étrangers de retour

Seule bonne nouvelle dans ce tableau peu réjouissant : ce vendredi, la Banque de France a confirmé les bonnes performances des échanges de services. Au premier semestre, ils affichent un excédent « historique » de 34 milliards d’euros, soit 11 milliards de plus qu’en 2021 à la même époque. Les touristes étrangers sont de retour dans l’Hexagone, ce qui a soutenu l’activité économique au printemps. Le transporteur maritime français CMA-CGM continue d’être porté par des vents très favorables.

Enfin le solde des services financiers affiche un bénéfice de 4,4 milliards, avec un motif de satisfaction supplémentaire : «malgré le Brexit, les échanges avec le Royaume Uni sont redevenus excédentaires», s’est félicité Olivier Becht. La balance courante qui avait dégagé un excédent de 9 milliards l’an dernier retombe néanmoins dans le rouge au cours des six premiers mois de l’année avec un déficit de 10 milliards.


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