C’est un bon début. Le nombre de chômeurs a reculé en France en mai. Le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en catégorie A, c’est-à-dire qui n’ont pas travaillé du tout pendant le mois, a diminué de 149.900 le mois dernier. Ce recul concerne toutes les tranches d’âge et toutes les régions à l’exception de la Corse. Le BTP, les services à la personne ainsi que la logistique et le transport ont redémarré et embauché de nouveau. C’est moins le cas pour le tourisme et l’hôtellerie-restauration.
Bref, l’amélioration du marché du travail est réelle mais elle est encore très timide. Et il ne faut pas surinterpréter cette baisse du chômage. D’abord parce que le nombre de chômeurs de catégorie A « demeure à un niveau élevé », comme l’avoue la Dares, la direction des études statistiques du ministère du travail. Au total, 4,425 millions de personnes étaient encore sans emploi dans l’Hexagone le mois dernier. En mars et avril, le nombre de personnes à la recherche d’un emploi avait grimpé de plus de 1 million.
Ensuite, en mai, le nombre de demandeurs d’emploi en activité réduite, c’est-à-dire qui ont travaillé au cours du mois mais pas à temps plein et sont à ce titre, inscrits chez Pôle emploi, a fortement augmenté. Les catégories de demandeurs d’emploi B et C, dans le vocable de Pôle emploi, ont connu une hausse de 210.800 personnes par rapport à avril.
Passage de catégorie A à B
Clairement, avec le déconfinement et la reprise de l’activité des entreprises et donc des embauches et des contrats, au moins à temps partiel, une partie des chômeurs de catégorie A s’est retrouvé en catégorie B le mois dernier. Des personnes qui n’avaient plus de travail du tout en avril ont retrouvé un emploi à temps partiel en mai. Le flux était dans le sens inverse pendant les deux mois de confinement. Les sorties de personnes auparavant inscrites chez Pôle emploi, liées à des entrées en formation ou stage, ont été multipliées par plus de deux en mai par rapport au mois précédent. Et les reprises d’emploi sont en forte hausse. Près de 75.000 personnes qui quitté Pôle emploi parce qu’elles ont retrouvé un travail.
Toutefois, en mai, « au total, l’effectif des catégories A, B, C continue d’augmenter de 61.000 soit, mais moins fortement que les deux mois précédents (+177.500 en mars et +209.300 en avril), et s’établit à 6.125.400, son plus haut niveau enregistré depuis 1996 », note le ministère du Travail. Les entrées restent donc, globalement, plus fortes que les sorties. Et, pour beaucoup d’entreprises, les vraies difficultés arriveront cet automne. Selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), les faillites d’entreprises devraient bondir de 80 % et celles-ci détruiraient 250.000 emplois d’ici la fin de l’année. Le taux de chômage pourrait rapidement dépasser 12 %.