« Après une année record en 2020, l’élan de solidarité liée à la pandémie semble toucher à sa fin ». Telle est la conclusion de la troisième édition du baromètre des Apprentis d’Auteuil réalisé avec Ipsos. Le nombre de Français ayant effectué au moins un don en 2021 est resté stable, à 48 %, mais les montants moyens déclarés ont chuté de 31 %, à 274 euros en moyenne, sans doute sous l’effet des tensions sur le pouvoir d’achat apparues en fin d’année dernière. Les dons réalisés par les personnes à hauts revenus ont eux aussi fléchi mais dans une moindre proportion (-11 % à 2.191 euros en moyenne).
Le baromètre montre que la connaissance des dispositifs fiscaux en faveur des dons s’améliore. En tout, 45 % des Français savent que le plafond de déduction (de 75 %) à l’impôt sur le revenu a été porté à 1.000 euros (contre 552 euros) pour le soutien aux plus démunis. Ce coup de pouce au dispositif « Coluche » , mis en place au début de la crise sanitaire et prolongé pour deux années supplémentaires, est connu de 70 % des personnes à revenu élevé. Surtout, plus d’un tiers de celles-ci reconnaissent que cela influe sur le montant de leurs dons.
Stabilité fiscale
« Cette connaissance, qui a eu un impact crucial sur la générosité, a mis deux ans à s’installer, ce qui illustre l’importance de préserver dans les années à venir une stabilité de la fiscalité sur les dons », prévient l’association Apprentis d’Auteuil. Dans son enquête de l’automne dernier, le réseau Recherches & Solidarités soulignait d’ailleurs que la hausse de la collecte de 2020 était presque entièrement imputable aux dons liés au dispositif « Coluche ».
Dans la même veine, les fondations reconnues d’utilité publique comptent énormément sur les dons « IFI », qui permettent de réduire l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) des Français disposant d’un patrimoine immobilier net supérieur à 1,3 million d’euros. Les appels aux dons se multiplient en cette période de déclaration fiscale .
Concrètement, les donateurs ont droit à une réduction de l’impôt sur la fortune immobilière équivalente à 75 % du don, dans une limite de 50.000 euros. Une personne assujettie à l’IFI peut donc réduire à 0 son impôt, en faisant par exemple un chèque de 66.667 euros, si elle se sait redevable d’un IFI de 50.000 euros.
Campagne « IFI »
La Fondation de France , premier réseau philanthropique de l’Hexagone, avec 945 fondations abritées sous son label, bâtit en partie sa stratégie de collecte autour de ce levier. « La campagne IFI est un moment très important pour la Fondation car cela représente environ 20 % du montant annuel des dons », explique Frédéric Théret, le directeur du développement.
L’institution créée il y a plus de cinquante ans a pour sa part connu un bon millésime 2021. Le montant des dons a en effet augmenté de 8 %, ce qui a permis à la Fondation de France d’engager 197 millions d’euros dans 10.654 projets, indique le rapport annuel publié jeudi.
« La disparition de l’ISF avait fait chuter les dons ; nous renouons avec les niveaux d’avant cette réforme, se félicite Frédéric Théret. Il a donc fallu trois ans pour absorber le choc. »