Que pensent de la France les entreprises allemandes installées dans l’Hexagone ? Le cabinet EY et la chambre franco-allemande de commerce et d’industrie ont posé la question à une centaine d’entre elles. Et le regard qu’elles portent sur leur pays d’accueil est plutôt positif. Avec tout de même quelques points d’interrogation en ce qui concerne l’avenir.
« Avant la crise du Covid-19, la situation de la France était positive, malgré les ”gilets jaunes” et les grèves. C’est un pays dans lequel les entreprises allemandes n’avaient jamais autant investi », souligne Charlotte Jansen, directrice associée en charge des flux commerciaux internationaux chez EY.
La perception de la France outre-Rhin a changé entre 2016 et 2018, en raison de l’élection d’Emmanuel Macron et de la continuation d’une politique de l’offre. Et c’est important car la France compte 2.500 entreprises contrôlées par des investisseurs allemands, employant plus de 320.000 personnes. L’Allemagne était aussi le deuxième pays investisseur en France après les Etats-Unis en 2019.
Chute du chiffre d’affaires pour 90 % des entreprises
Le Covid-19 a évidemment changé beaucoup de choses. Ainsi, 90 % des entreprises allemandes présentes en France déclarent avoir enregistré une chute de leur chiffre d’affaires depuis le début de l’année. Et 46 % d’entre elles estiment la chute à plus de 20 % pour 2020. « Toutes les personnes interrogées misent sur une reprise à partir de 2022, pas avant », indique le rapport. L’année 2021 sera donc une année de transition.
Il y a toutefois de l’espoir. « Aujourd’hui, un tiers des entreprises allemandes présentes en France ne prévoient pas de baisser les embauches et à peu près autant n’ont pas l’intention de réduire leurs investissements. Il y a donc un socle d’entreprises allemandes, environ un tiers, qui sont optimistes dans l’économie française et dans leurs opérations », affirme Charlotte Jansen. Et, à l’horizon de 2022, 45 % des entreprises allemandes installées dans l’Hexagone sont optimistes pour leur activité. C’est moins que les 59 % d’avant la crise, mais cela montre tout de même que la confiance résiste.
Le rôle du couple franco-allemand
Le choc sanitaire et économique a aussi pu, dans certains cas, renforcer les relations franco-allemandes. « Les entreprises allemandes font état d’un regain de solidarité pendant cette crise. Le quotidien des entreprises dans cette période difficile a montré que le lien franco-allemand reste très fort », estime la spécialiste de EY. « D’ailleurs, les entreprises allemandes ont été surprises en bien par la rapidité de la réaction de l’Etat français », poursuit Charlotte Jansen.
Elles font toutefois remarquer des manques dans le pays. Certains, comme le poids des prélèvements, sont assez classiques. Mais d’autres sont plus nouveaux. Ainsi, les entreprises allemandes critiquent la tendance française à la surinterprétation des textes européens et s’inquiètent de la pénurie de personnel qualifié dans certains métiers.
Et « malgré les progrès de l’apprentissage ces dernières années, les investisseurs déplorent un manque de main-d’oeuvre motivée et qualifiée dans les métiers plus manuels. Les salariés les ont souvent choisis par dépit, sans réelle motivation. Cela influe sur la productivité et, en temps de crise, sur l’absentéisme », estime le rapport. Un problème à surveiller mais pas facile à régler.