L’économie française mettra deux ans à se relever du Covid-19, selon la Banque de France

La Banque de France anticipe un recul du PIB de l'ordre de 10 % cette année suivi d'un rebond de 7 % en 2021. Ce n'est qu'à la mi-2022 que l'économie française retrouvera son niveau de fin 2019. Le chômage, lui, devrait connaître un pic mi-2021, à 11,8 % de la population active, pour redescendre ensuite lentement.


Ce sont des prévisions assez proches de celles du gouvernement. La Banque de France anticipe un recul du PIB de l’ordre de 10 % cette année en raison du confinement dû à la pandémie de Covid-19, alors que Bercy table sur une baisse de 11 % . Pour les économistes de la banque centrale, cette année noire 2020 sera suivie par un rebond de 7,4 % de la croissance. Celui-ci ne sera toutefois pas suffisant pour que le PIB de 2021 retrouve son niveau d’avant l’épidémie. Il faudrait attendre la mi-2022 pour que l’activité revienne à celle de fin 2019. Plus de deux années seront donc nécessaires pour effacer les effets de la crise.

Pire, selon les économistes, « la perte d’activité resterait substantielle fin 2022, de l’ordre de 3 points » par rapport à ce qui se serait passé sans la pandémie, c’est-à-dire si le PIB avait crû a un rythme normal. « Cette perte traduirait en partie un déficit de demande mais aussi une réduction du potentiel d’activité sous l’effet de la crise », expliquent-ils. Le chômage devrait en effet grimper très vite. D’ici à la mi-2021, le pays compterait 1,150 million de personnes sans-emploi en plus par rapport à la fin 2019. Et le taux de chômage atteindrait son pic dans la première moitié de l’année prochaine , touchant ainsi 11,8 % de la population active. Ce n’est qu’au second semestre 2021 qu’il commencerait à redescendre.

Reprise très progressive

Au deuxième trimestre de cette année, le confinement devrait plomber les comptes nationaux et entraîner un recul de l’activité d’environ 15 %. Pour les trimestres suivants, les économistes de la Banque de France estiment que les pertes d’activité, par rapport à un scénario sans crise, seraient de l’ordre de 10 % au troisième trimestre et proches de 7 % au quatrième trimestre 2020.

Pour éviter une cascade de faillites d’entreprises dans les prochains mois, François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, a insisté ce mardi sur France Info sur la nécessité pour l’Etat d’apporter des fonds propres aux entreprises en difficultés. Il évalue entre 10 à 30 milliards d’euros la somme que la puissance publique va devoir mobiliser pour éviter un effondrement du système productif qui mettrait en péril la croissance pour les années futures.

100 milliards d’euros épargnés en plus cette année

Un des points essentiels qui déterminera la rapidité de la reprise, c’est la consommation. En effet, empêchés de consommer pendant le confinement, les ménages français ont épargné . Et cela va continuer. « L’utilisation de l’épargne forcée de 2020 resterait très limitée, en raison des comportements d’épargne de précaution que l’on peut attendre d’un environnement économique dégradé et incertain, des revenus plus faibles qu’avant-crise et de la montée du chômage », selon la Banque de France.

Les économistes estiment ainsi que « l’épargne des ménages sur l’ensemble de l’année 2020 serait ainsi supérieure de 100 milliards d’euros à nos projections d’avant-crise ». Une somme astronomique sur laquelle tous les regards se tournent. Le but est que ce montant soit majoritairement dépensé en biens et services français, sans quoi ces dépenses viendront gonfler les importations et donc creuser le déficit commercial hexagonal. Et là, ce sont les emplois de nos partenaires commerciaux qui en profiteraient. Pas ceux en France.


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