L’économie française résiste mieux que prévu à l’épidémie de Covid

Lors de la présentation d'une note ce jeudi, l'Insee a estimé que l'objectif de Bercy d'une croissance de 6 % du PIB cette année « n'est pas inatteignable ». Le coût d'un mois de confinement est revu à la baisse en raison des capacités d'adaptation des entreprises. La consommation est attendue en forte hausse dès la levée des restrictions sanitaires.


6428965 26.12.2020 The view shows a closed restaurant during the coronavirus disease (COVID-19) outbreak in Paris, France. Dominique Boutin / Sputnik//SPUTNIK_1.382/2012261531/Credit:Dominique Boutin/SPUTNIK/SIPA/2012261536

Elle va et elle vient, au gré des confinements et de l’évolution de l’épidémie . Mais tout compte fait, l’activité économique en France résiste. C’est ce que montrent les chiffres du quatrième trimestre 2020 publiés en fin de semaine dernière. Et c’est ce que prévoient les économistes de l’Insee, dans leur dernière publication présentée ce jeudi matin.

Le PIB était en fin d’année inférieur de 5 % à son niveau d’avant-crise, alors que les économistes tablaient sur une richesse produite en retrait de 8 %. Les entreprises ont su s’adapter. Leur production a ainsi moins baissé que la consommation pendant le mois de novembre. Ce qui pousse à l’optimisme pour le reste de l’année et pourrait bien donner raison au ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, qui table sur une croissance de 6 % cette année et s’est récemment dit « convaincu que la France montrera des capacités de rebond exceptionnelles ».

Très fortes incertitudes

« Avoir 6 % de croissance ne paraît pas inatteignable sous réserve de l’évolution de la situation sanitaire », estime Julien Pouget, le chef du département de la conjoncture de l’Insee, qui reste toutefois prudent. « Les données du quatrième trimestre montrent que l’acquis de croissance est supérieur à ce qui était prévu et que le coût du durcissement des restrictions sanitaires doit être révisé à la baisse », explique-t-il. Le confinement de novembre n’a amputé le PIB « que » de 8 points alors que l’Insee anticipait une perte de 12 points.

Reste tout de même de très fortes incertitudes. Le brouillard est épais pour les conjoncturistes puisque la possibilité d’un reconfinement rapide existe. Ainsi, la consommation patine en janvier. « Le décalage des soldes va reporter une partie des achats sur le mois de février », selon Julien Pouget. Et « l’avancée du couvre-feu de 20 heures à 18 heures semble avoir un effet sur la consommation des ménages », ajoute Olivier Simon, économiste à l’Insee. « A chaque avancée du couvre-feu à 18 heures dans un département en janvier, on a constaté un décrochement des transactions par cartes bancaires dans ce département », poursuit ce dernier. « La consommation des ménages se serait quelque peu étiolée courant janvier2021, refluant à 7 % sous son niveau d’avant-crise », explique l’Insee dans sa note.

Prudence des consommateurs

En outre, les Français sont de plus en plus nombreux à juger qu’il est opportun d’épargner. Le chiffre de janvier est même au plus haut depuis décembre 2012, très proche de son plus haut historique.

En faisant l’hypothèse que l’activité de janvier se maintiendrait en février puis en mars, sans nouveau durcissement des conditions sanitaires, alors le PIB au premier trimestre resterait inférieur de 4 points à celui d’avant la crise. En cas de confinement d’un mois dans les prochaines semaines, dont les modalités seraient semblables au confinement de novembre, alors le PIB des trois premiers mois de l’année serait plus bas de 5 points par rapport à la normale. Si ce confinement durait jusqu’à la fin mars, le PIB serait inférieur de 6 points à son niveau d’avant l’apparition du Covid, calcule l’Insee.

Dans tous les cas, si le rebond au deuxième trimestre était comparable à celui de l’été dernier, alors l’acquis de croissance, c’est-à-dire la croissance du PIB sur l’année en cas de stagnation au second semestre, serait compris entre 4 et 5 %.

Tout dépendra de l’évolution de l’épidémie et de la rapidité de l’atteinte de l’immunité collective. D’où l’importance de la campagne de vaccination . Les économistes d’Euler Hermes ont calculé que si les retards de l’Union européenne se confirmaient, alors il pourrait en coûter 90 milliards d’euros de PIB aux Etats membres. Le constat est aussi valable pour l’Hexagone. Puisque chaque mois de confinement coûte de 15 à 18 milliards d’euros à l’économie française, toute solution qui coûte moins cher est bonne à prendre.


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