Boulangers, caissiers, techniciens de maintenance ont déjà tous leur fiche métier. D’autres vont suivre d’ici au 11 mai, et au déconfinement progressif . Mais quid du comptable, de l’assistant, du service informatique ou encore du… journaliste ? Et quid des dispositions à prendre dans les espaces communs de l’entreprise ? C’est le sujet du « protocole national de déconfinement pour les entreprises pour assurer la santé et la sécurité des salariés »publié dimanche soir . Inventaire de ses principales préconisations, au-delà, bien sûr des opérations de nettoyage et de désinfection.
Le télétravail, à privilégier absolument
Parce qu’il supprime le risque de contamination au travail, par essence, le télétravail doit continuer à être privilégié même en période de déconfinement. Le protocole le rappelle. La formulation est incitative. Mais la réalité est plus impérative que certains employeurs encore et toujours réticents ne veulent le croire : s’ils empêchent les salariés de télétravailler et qu’il y a contamination, leur responsabilité pourrait potentiellement être engagée.
Les gestes barrière ici comme ailleurs
Dans l’entreprise aussi, les gestes barrière sont le « socle du déconfinement », rappelle le protocole. A commencer par se laver les mains avec du savon ou du gel hydroalcoolique. Cela veut dire que l’entreprise doit en mettre suffisamment à disposition (le protocole ne dit pas combien). Pas d’essuie-mains en papier ou tissu sauf à usage unique. Le protocole ne dit en revanche mot sur les souffleries. Et pas question, bien sûr, d’embrassades pour les retrouvailles.
Le masque en dernier ressort
Le boulot n’est pas le métro. Au sein de l’entreprise, le protocole est catégorique : le masque n’est la solution que quand il n’y a pas d’autres solutions. En clair, uniquement dans les situations où malgré le réaménagement de l’espace et la réorganisation du travail, la distanciation sociale ne peut pas être garantie. Et dans ce cas, c’est à l’employeur de mettre les masques à la disposition de son personnel, qui peut avoir à en porter non pas tout le temps, mais dans certaines situations (pour se déplacer dans des couloirs trop étroits par exemple).
L’équipement préconisé ne diffère en revanche pas de ce qui sera demandé dans les transports en commun. Des masques « grand public » ou FFP1 peuvent suffire. La rédaction du protocole est cependant alambiquée et ce principe va être confirmé dans un question/réponse spécifique. Les gants sont en revanche déconseillés, sauf si l’activité les rend nécessaire.
4 mètres carrés, pas moins
C’est une surface qui correspond en réalité à un cercle de protection autour de chaque salarié : 4 m2, c’est la surface qui doit permettre de garantir la distanciation sociale entre deux personnes dans les entreprises. Mais alors combien peuvent travailler ensemble ? C’est là que ça se corse. Il ne suffit pas de diviser la surface totale du local par 4 pour obtenir le chiffre fatidique. Doivent être déduites les salles de réunion, les armoires et étagères et les surfaces de circulation. A votre mètre, donc ! Cela n’exclut pas des aménagements comme la pose de plexi entre les bureaux, mais la jauge maximale reste de 4 m2 par salarié.
Flux, reflux et goulots d’étranglement
Le protocole traite aussi des déplacements dans l’entreprise, entre flux et reflux à l’entrée, services susceptibles plus que d’autres de recevoir des collègues ou personnes extérieures. D’où l’obligation de réaliser un plan de circulation de l’arrivée dans l’entreprise à son départ. Plots, barrières, marquages au sol… vont faire leur apparition.
Haro sur les tests et mollo sur la prise de température
Les entreprises comme Veolia qui veulent tester tous leurs salariés vont devoir remiser leur projet. C’est tout simplement interdit par le protocole. La prise de température, elle, est possible – à condition d’être facultative – mais elle est « déconseillée ». Elle est « faussement rassurante » puisque le portage viral peut débuter plusieurs jours avant les symptômes, rappelle le ministère du Travail, pour qui, si les entreprises ont un rôle à jouer dans la lutte contre le virus, c’est en participant au « contact tracing ». Il est demandé aux employeurs de « rédiger préventivement une procédure ad hoc de prise en charge sans délai » des salariés symptomatiques et de participer à l’identification des personnes contacts.
Former et informer sinon…
La formule a provoqué une polémique car le gouvernement l’a utilisée pour justifier de ne pas préconiser le port de masques, en pleine pénurie, mais c’est un fait que porter un masque, comme d’ailleurs respecter les gestes barrière et les plans de circulation, ça s’apprend. Et c’est à l’employeur de former et informer ses salariés au risque sinon d’endosser la responsabilité de leur mauvais usage. Et les associer ainsi que leurs représentants à l’élaboration des règles ? Sur ce sujet, le protocole est pour le moins discret. Tout comme il est silencieux sur la restauration collective.