Les femmes sont-elles insuffisamment protégées sur leur lieu de travail ? C’est ce que semble indiquer une étude de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) publiée début juillet.
Selon cette étude portant sur la période 2001-2019, le nombre d’accidents du travail a chuté de 11 %. Cette baisse correspond à un recul important chez les hommes (-27 %) mais elle masque une très forte augmentation du nombre d’accidents chez les femmes (+46 %).
Cette sensible augmentation doit cependant être légèrement nuancée par l’augmentation concomitante du taux d’emploi des femmes, passé de 57,7 % en 2003 à 62,5 % en 2019, selon les données de l’Insee.
La situation s’aggrave
La situation semble s’être détériorée ces dernières années : si les accidents ont reculé au global entre 2001 et 2019, ils sont repartis à la hausse sur la période 2013-2019, pointe l’étude. Cette augmentation concerne exclusivement les femmes (+18,3 %). Les accidents concernant les hommes, eux, ont stagné (-0,1 %) sur la période. Fin 2021, le ministère du Travail avait lui aussi constaté que depuis dix ans, le nombre d’accidents du travail ne baissait plus, à part en 2020 du fait des confinements .
Si les femmes sont moins exposées aux accidents mortels, qui concernent à 90 % les hommes, en matière de durée d’arrêt, les accidents des femmes (73,8 journées) sont plus graves que ceux des hommes (67,9 journées) et ce dans tous les secteurs, sauf le BTP. Dans ce secteur, les accidents concernant les femmes ont augmenté de 85 %, tandis que ceux impliquant des hommes ont chuté de 30 %.
La tendance est semblable dans les autres secteurs. Les activités de service (santé, action sociale, nettoyage, travail temporaire) comptabilisent le plus d’accidents du travail pour les femmes, écrit l’Anact. Dans ce secteur, l’agence a constaté une hausse de 110 % des accidents du travail impliquant des femmes depuis 2001. Dans le même temps, les accidents du travail chez les hommes ont diminué de 13 %.
Des politiques de prévention « insuffisantes »
Selon l’Anact, « les femmes entrent dans les secteurs à prédominance masculine dans des postes exposés au risque d’accident du travail » où « les politiques de prévention les protègent insuffisamment ». Par ailleurs, dans les secteurs à prédominance féminine, comme la santé, le social ou le nettoyage, l’Agence constate que « les risques sont vraisemblablement sous-évalués » et « les politiques de prévention sont encore insuffisamment développées ».