Les acteurs de la santé s’estiment floués par le budget de la Sécurité sociale

Le syndicat de médecins libéraux CSMF a annoncé son retrait de la négociation conventionnelle qui vient de débuter, faute de grain à moudre pour les revalorisations. Les hôpitaux regrettent que les engagements pluriannuels de dépenses se soient dissous dans les budgets pour lutter contre le Covid et revaloriser les rémunérations.


Illustration medecin generaliste. Aubervilliers, FRANCE - 08/06/2010/Credit:VALINCO/SIPA/1006111037

Trop, c’est trop. Jean-Paul Ortiz, le président de la CSMF, l’un des principaux syndicats de médecins libéraux, a annoncé ce mercredi qu’il renonçait à participer aux négociations conventionnelles qui viennent de s’ouvrir avec l’Assurance-maladie . Motif : « le manque de considération », explique-t-il.

Les professionnels de santé libéraux ont découvert avec stupeur que le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2021 , présenté en Conseil des ministres ce mercredi, prévoyait 300 millions d’euros pour la hausse de leur rémunération globale pour l’année prochaine. Il y aura trop peu de grain à moudre pour les négociateurs conventionnels, accusent-ils.

« Nous avons pourtant été applaudis, nous aussi, tous les soirs à 20 heures », clame Jean-Paul Ortiz, en rappelant que les libéraux ont patiemment attendu leur tour, en juin-juillet, lors de la négociation du « Ségur de la santé » , conçu pour réinvestir dans les salaires et les infrastructures de l’hôpital. Le syndicaliste souligne aussi que les médecins ont perdu 1,5 milliard d’euros de revenus d’activité en 2020 du fait de la sous-consommation de soins pendant la crise. « J’en avais déduit qu’il y aurait au moins 2 milliards d’euros de plus pour les soins de ville, dont 1 milliard pour les médecins », détaille-t-il.

La CSMF n’est d’ailleurs pas le seul syndicat à s’émouvoir. Dans un communiqué paru vendredi, MG France (généralistes) brocarde une enveloppe qui correspond à une hausse de 50 centimes du tarif de l’acte. « Il est impossible d’attendre près de trois ans sans revalorisations. Nous irons chercher ces moyens, en réclamant plus d’argent et sans attendre », avertit le président du syndicat, Jacques Battistoni, qui ne quitte pas la table de négociation à ce stade. Les syndicats souhaitent que les revalorisations interviennent dès janvier, par dérogation au délai habituel de six mois entre la signature d’un avenant et sa mise en oeuvre.

Engagements de pluriannualité

Il y a un vrai paradoxe à voir le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2021, l’un des plus dépensiers de l’histoire, comme le souligne la Cour des comptes , être critiqué par les acteurs de la santé pour son manque de générosité. En 2021, le gouvernement a prévu 9 milliards de dépenses nettes supplémentaires d’assurance-maladie par rapport à l’objectif rectifié de 2020 – et 19 milliards de plus par rapport à l’objectif initial ! Mais cette profusion est surtout due à des mesures exceptionnelles pour lutter contre le coronavirus – les achats de masques, de tests, etc.- et aux revalorisations salariales certes exceptionnelles, mais pérennes, du « Ségur de la santé ».

Du coup, même les hôpitaux considèrent qu’ils se sont fait flouer. « Si on enlève les financements obtenus lors du Ségur et les surcoûts liés au Covid, on se retrouve avec un objectif de dépenses d’assurance-maladie inférieur à ce qui était prévu et sanctuarisé par la pluriannualité. Comment peut-on autant en demander aux acteurs de santé sans leur donner les moyens d’atteindre leurs objectifs ? » gronde Frédéric Valletoux, le président de la Fédération hospitalière de France (FHF).

En 2019, le gouvernement avait garanti aux établissements de santé une hausse minimum de 2,4 % de leurs ressources chaque année jusqu’en 2022, correspondant à 2 milliards d’euros pour 2021. « Loin du niveau attendu et nécessaire pour faire face à des surcoûts incompressibles, les chiffres portés à notre connaissance – une enveloppe de 1,3 milliard d’euros – ne semblent pas correspondre aux engagements initiaux », regrette la FHF, qui demande 500 millions de plus pour 2020 et 700 millions pour 2021 pour les hôpitaux, ainsi que des crédits pour commencer à créer 20.000 emplois dans le secteur du grand âge.


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