Pendant la pandémie de Covid, le nombre de défaillances d’entreprise en France s’était effondré grâce à la politique du « quoi qu’il en coûte ». Au premier semestre 2022, il reste très éloigné de son niveau d’avant la crise sanitaire : 34.200 défauts sont recensés sur un an, à fin juin, par le cabinet Altares, soit environ 20.000 de moins qu’en 2019 à la même époque. « L’activité des entreprises est solide. Par ailleurs, elles sont sorties de la crise du Covid avec des niveaux de trésorerie confortables, souvent inutilisés. Cela leur a donné les moyens d’aborder l’année 2022 dans de bonnes conditions », analyse Thierry Millon, directeur des études d’Altares.
Las, toutes les entreprises ne sont pas dans la même situation. Et la remontée des défaillances accélère. Au deuxième trimestre, 9.826 procédures collectives menaçant plus de 30.000 emplois ont été ouvertes. Un chiffre en hausse de 49 % par rapport à la même période de 2021, qui fait suite à un rebond de 35 % au cours des trois mois précédents. « 85 % des défaillances concernent des sociétés commerciales qui n’ont pas eu l’activité qu’elles espéraient », note Thierry Millon.
Celles qui ont vu le jour avant ou pendant la crise sanitaire sont particulièrement touchées. Sur le plan sectoriel, les dossiers se multiplient dans le commerce, la restauration, les services à la personne où les défauts ont plus que doublé. Des industries comme l’agroalimentaire ou les activités de bois et matériaux de construction enregistrent elles aussi un bond des défauts.
Pour autant, les défaillances ne devraient pas exploser en 2022, selon Altares. A ce jour, le cabinet en attend 37.000, soit plus que l’année passée (28.400), mais toujours nettement moins qu’en 2019 (52.000). Les incertitudes sur l’activité future ont toutefois rarement été aussi nombreuses.
Les perspectives de croissance se dégradent. Les difficultés d’approvisionnement et de recrutement persistent. « Depuis le mois de juin, les retards de paiement et les impayés repartent à la hausse », observe Thierry Millon. Enfin, le bras de fer engagé avec Vladimir Poutine fait planer la menace d’une crise énergétique grave avec la coupure des livraisons de gaz russe.
Restrictions
Face à tous ces risques, le gouvernement a annoncé début juillet la prolongation de la mission d’accompagnement des entreprises vulnérables. Aux Rencontres économiques d’Aix en Provence, ce week-end, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, n’a pas caché qu’il faudrait « regarder de manière très fine […] quelles sont les entreprises qui devraient réduire leur consommation d’énergie et quelles sont celles qui ne le peuvent pas ».
L’activité des secteurs touchés par les restrictions risque d’être affectée. « Il faut que le transport de marchandises puisse continuer de travailler et que les commerçants soient livrés », prévient déjà Thierry Millon. Sans quoi certaines entreprises n’y résisteront pas.