Mois après mois, les chiffres confirment la singularité de la crise liée à l’épidémie de Covid-19. Le nombre des défaillances d’entreprises est en chute libre. En juillet, il se stabilise à un niveau « historiquement bas », en recul, sur un an, de 27,6 % pour s’établir à un peu moins de 27.900, selon les dernières statistiques de la Banque de France publiée ce mercredi.
« La plupart des catégories d’entreprises et tous les secteurs sont concernés », y compris ceux les plus touchés par les mesures de restrictions liées à la situation sanitaire, précise l’institution. Sur un an, les défaillances diminuent ainsi de 41,9 % dans le secteur de l’hébergement et de la restauration et de 30,4 % dans le commerce.
« Envolée moins probable »
Depuis le début de la pandémie, les mesures de soutien mises en place par l’Etat, traduction du « quoiqu’il en coûte » souhaité par Emmanuel Macron, ont permis la préservation du tissu productif.
Si certaines aides comme l’activité partielle deviennent progressivement moins généreuses , les entreprises peuvent néanmoins toujours profiter de filets de sécurité.
Dans son rapport remis fin juillet au Premier ministre, le comité de suivi et d’évaluation des mesures de soutien aux entreprises, présidé par Benoît Coeuré, a d’ailleurs donné un « satisfecit d’ensemble » à la politique menée, louant des dispositifs « globalement aisés », avec « des délais de versement rapides » et des montants « suffisants » pour préserver la situation financière de la grande majorité des entreprises.
A fin juin, quelque 230 milliards d’euros – soit 10 % du PIB – avaient été mobilisés par les quatre mesures phares : activité partielle, création du fonds de solidarité, prêts garantis par l’Etat et report de cotisations sociales. Ce qui a permis aux entreprises de passer le cap difficile et d’éviter ainsi une explosion du chômage. Pour le comité de suivi, il faut toutefois « surveiller une minorité d’entreprises », essentiellement des TPE fragilisées par la pandémie. Mais, a-t-il estimé, « le scénario d’une envolée des faillites en sortie de crise est désormais moins probable ».
Filets de protection
« Il n’y aura pas de mur de faillites à la rentrée », abonde Samuel Abettan. L’économiste chez ING s’attend néanmoins à une recrudescence des cessations de paiement, mais étalées dans le temps. Tout dépendra de la prolongation des aides publiques. « Le gouvernement est très attentif à la question des défaillances », souligne l’expert.
Confronté à la quatrième vague épidémique, Bercy a déjà promis de maintenir des filets de protection non négligeables dans les secteurs qui seraient pénalisés par l’entrée en vigueur du passe sanitaire (restaurants, hôtels, salles de sport, théâtres, cinémas, etc.). Le fonds de solidarité sera ainsi ouvert dès le 16 août à toutes les entreprises ayant perdu au moins 10 % de chiffre d’affaires. Un point d’étape est également prévu le 30 août avec les secteurs exposés aux nouvelles règles sanitaires.