Les fonctionnaires obtiennent une hausse de salaire de 3,5 %

Le gouvernement a annoncé mardi une importante revalorisation du point d'indice de la fonction publique, après cinq années de gel. Insuffisante pour les syndicats, car inférieure à l'inflation attendue en 2022. Le coût de la mesure s'élève à 7,5 milliards d'euros en année pleine.


Une revalorisation historique, saluée en tant que telle. Invités au ministère de la Fonction publiqué mardi pour une conférence salariale très attendue, les syndicats de la fonction publique ont pris acte de la principale annonce, à savoir une augmentation de 3,5 %, après cinq années de gel, du point d’indice qui sert à calculer les salaires des fonctionnaires. Mais une augmentation largement insuffisante, ont-ils tous pointé, pour compenser l’inflation, attendue en moyenne à 5,5 % en 2022 selon l’Insee.

Promis par le gouvernement sortant à l’approche de l’élection présidentielle , ce coup de pouce, visible sur les feuilles de paie d’août avec effet rétroactif à juillet, est légèrement supérieur à la fourchette de 1,5 % et 3 % évoquée initialement par le cabinet du nouveau ministre de la Fonction publique, Stanislas Guerini. Facture pour les finances publiques : 7,5 milliards en année pleine dont 3,2 milliards pour les agents de l’Etat, 2,3 milliards pour ceux de la fonction publique territoriale et 2 milliards pour l’hôpital.

Contexte budgétaire tendu

« C’est la plus importante revalorisation en trente-sept ans […] dans un contexte économique et budgétaire extrêmement compliqué », a-t-il souligné lors d’une conférence de presse, égrenant quelques exemples. Un agent d’accueil débutant touchera 45,30 euros net de plus par mois, ou 543 euros par an. Pour une sage-femme ayant vingt ans de carrière, ce sera  1.330 euros supplémentaires chaque année.

Tous les agents seront payés au minimum 3,7 % au-dessus du SMIC alors qu’ils sont 700.000 à toucher le salaire minimum légal aujourd’hui (lequel risque fort d’être automatiquement revalorisé de 2 % cet été).

Le compte n’y est pas

Pour le secrétaire national de l’Unsa chargé de l’action publique, Luc Farré, « le dégel est une étape importante » mais qui en appelle d’autres. « Plus on s’approche du taux d’inflation, plus le gouvernement sera crédible », a-t-il poursuivi, plaidant pour porter le curseur à 10 %, à l’instar de la CGT.

Secrétaire confédérale de la centrale de Montreuil, Céline Verzeletti a insisté sur la nécessité de réindexer le traitement des fonctionnaires sur l’inflation, comme au début des années 1980, et de remonter jusqu’à janvier pour la revalorisation rétroactive. « Si nous sommes satisfaits du dégel du point, nous estimons que la revalorisation de 3,5 % n’est pas à la hauteur des urgences sociales et salariales », a-t-elle pointé.

« Largement insuffisant. Nous étions à la croisée des chemins pour sortir de la politique d’austérité. Nous n’y sommes pas », a abondé le numéro un de la fédération des fonctionnaires de FO, Christian Grollier. Le syndicat va consulter ses troupes et renvoie à la rentrée pour la suite.

Augmentations individuelles

Soucieux de montrer que tout ne se résume pas au point d’indice, Stanislas Guerini a mis en avant les augmentations de salaire individuelles des fonctionnaires, de 1,5 % en moyenne cette année, et montrer ainsi que l’effort global était de 5 %, proche donc de l’inflation.

Proche, mais pas tout à fait : tous les agents ne vont pas changer d’échelon et le chiffre avancé reste une moyenne. Certains auront plus, d’autres moins. « C’est vrai. Mais des agents ont été augmentés l’année dernière alors que l’inflation était encore basse », défend-on dans l’entourage du ministre.

Quatre mesures d’ici à début 2023

A cela s’ajoute un autre effort de 170 millions, au travers de quatre mesures applicables d’ici à début 2023 : reconduction de la garantie individuelle de pouvoir d’achat (la Gipa) ; revalorisation du traitement des agents débutants de la catégorie B ; extension du forfait mobilités durables ; revalorisation et extension de la participation aux frais de restauration. Sans oublier les mesures catégorielles déjà décidées et le projet de loi pouvoir d’achat attendu début juillet .

« Ces annonces n’épuisent pas le sujet de l’attractivité de la fonction publique », a ajouté Stanislas Guerini, renvoyant au lancement à la rentrée d’une concertation « systémique » sur les salaires, les carrières, la formation et l’engagement. Le chantier est censé prendre fin au premier semestre 2023, avec une pause pour les élections professionnelles de novembre.


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