S’achemine-t-on vers un nouveau déficit record du commerce extérieur français cette année ? Alors que les Douanes françaises doivent publier ce vendredi ses chiffres pour le deuxième trimestre, le bilan des cinq premiers mois n’invite guère à l’optimisme. A fin mai, le déficit commercial en biens de la France, en cumul sur douze mois glissants, se maintenait, pour le deuxième mois consécutif, à un niveau historiquement haut à près de 70 milliards d’euros. En 2020, il avait atteint 65,2 milliards d’euros, soit 8 milliards de plus qu’en 2019, le poids de la France dans le commerce mondial tombant à 2,8 %, contre 3,1 % un an plus tôt.
En ce début d’année, les importations ont continué d’augmenter plus vite que les exportations. En mai, les premières étaient ainsi, en valeur, à 98 % de leur niveau moyen, contre 94 % pour les secondes. La reprise de l’économie française a accéléré les achats à l’étranger que ce soit pour satisfaire la consommation des ménages ou les besoins de l’industrie : pour faire face à la demande, les entreprises ont, elles aussi, dû importer les biens d’équipement et les biens intermédiaires nécessaires à leur production.
La France perd des parts de marché
Et dans un contexte de tensions mondiales sur les approvisionnements de certains matériaux, la flambée des prix des matières premières et des composants électroniques ont également pesé sur la balance commerciale en renchérissant la valeur des importations. En mai, la facture énergétique, alourdie par les cours élevés du pétrole, a ainsi contribué à hauteur de 2,9 milliards d’euros au déficit (6,6 milliards)
Côté exportations, l’Hexagone peine à retrouver ses niveaux pré-pandémie. Après le rebond enregistré au deuxième semestre 2020, « la progression des exportations entamées depuis juin 2020 s’infléchit fortement depuis le début de l’année », observaient les Douanes dans leur analyse des données du mois de mai.
La demande adressée à la France croît moins vite que les échanges mondiaux. En d’autres termes, elle perd des parts de marché. Au premier trimestre notamment, alors que l’Allemagne retrouvait ses niveaux d’échanges de fin 2019 , l’Hexagone a, elle, encore pâti du ralentissement des économies de la zone euro, son premier partenaire commercial. S’ajoute l’effet négatif du Brexit qui a entraîné une forte chute des importations du Royaume-Uni.
Par ailleurs, le secteur de l’aéronautique n’a toujours pas retrouvé sa place dans les ventes de la France à l’étranger, alors qu’en 2019, il avait dégagé un excédent commercial de 30 milliards d’euros…