Les questions encore sans réponse du futur Revenu d’engagement pour les jeunes

Emmanuel Macron doit donner son feu vert aux milliers de recrutements nécessaires au sein des Missions locales et de Pôle emploi pour la mise en place de ce nouveau dispositif pour les jeunes précaires. Sa durée, le montant de l'allocation et les contre-parties demandées restent aussi à trancher.


Dans le cadre de la mise en ?oeuvre du revenu " jeunes actifs ", Valerie Pecresse, Presidente de la Region Ile de France visite la mission locale d'Aubervilliers (93) le 9 mars 2021. *** Local Caption *** Banlieue Seine Saint Denis chomage crise emploi jeunesse quartier populaire recherche rechercher solution trouver un travail

Annonce lors de l’allocution du 12 juillet, levée de rideau en septembre – deuxième quinzaine dit-on – pour un démarrage en mars 2022, à quelques semaines de la présidentielle : le calendrier du projet de « Revenu d’engagement pour les jeunes » d’Emmanuel Macron est tout tracé. Encore faut-il que les moyens suivent. Ce qui suppose que Matignon et Bercy lâchent sur ce qui coince : le recrutement de plusieurs milliers de conseillers pour aider, comme c’est le but, 1,4 million de jeunes précaires à s’insérer chaque année.

« Les moyens humains nécessaires, c’est le point qui continue à gratter », confirme-t-on de source proche du dossier, s’agissant d’une opération dont la ministre du Travail, Elisabeth Borne, ne cache pas qu’elle coûtera très cher. Imaginé au départ comme une extension de la garantie jeunes dans la foulée de la remise du rapport du Conseil d’orientation des politiques de jeunesses (COJ) , le Revenu d’engagement pour les jeunes cible tous ceux qui sont ni en emploi, ni en étude ni en formation, ou qui travaillent de façon précaire. Ils bénéficieront d’une formation, d’un stage ou de tout autre dispositif, assorti le cas échéant d’une allocation allant jusqu’à 500 euros par mois.

Plus de 4.000 CDI, 1.200 CDD

Face aux tenants du RSA jeunes, notamment à gauche, le gouvernement plaide, lui, pour une formule d’accompagnement poussé contre l’engagement du bénéficiaire à suivre les étapes d’un parcours défini avec un conseiller référent. Les Missions locales estiment qu’il leur en faut jusqu’à 2.500 de plus, sachant qu’elles ont déjà dû gonfler leurs effectifs pour faire passer de 100.000 à 200.000 le nombre d’entrée en garantie jeunes cette année dans le cadre du plan « 1 jeune 1 solution ». De son côté, Pôle emploi, deuxième porte d’entrée principale pour le futur dispositif, plaide pour 1.600 CDI de plus et 1.200 CDD pendant un an pour répondre à la demande.

Les questions de gros sous liées à ces recrutements dépendent aussi fortement de la durée du dispositif mais aussi du caractère forfaitaire ou indexé sur le RSA de l’allocation, deux paramètres structurants qui restent à fixer. S’ajoutent des coûts « cachés » non négligeables puisqu’il faudra bien aussi financer les formations par exemple. Aucun chiffrage précis n’a encore fuité mais l’addition en régime de croisière s’annonce élevée: deux milliards par an, voire plus .

Faire simple

Au-delà des grands principes, connus, le défi consistera à faire simple, ce qui n’est pas gagné, le Revenu d’engagement étant censé coiffer la ribambelle de dispositifs existants, chacun avec son statut et donc ses carcans, pour offrir au jeune un « parcours sans couture » selon l’expression consacrée. A minima, cela suppose que le réseau national des Missions locales et la direction de Pôle emploi améliorent leurs relations, notablement passables.

Le fait que leurs deux présidents, Stéphane Valli et Jean Bassères, aient été invités à rejoindre, en plus d’une quinzaine d’autres personnalités – parlementaires, élus locaux ou associations de lutte contre la pauvreté – le comité du Revenu d’engagement, permettra peut-être de faciliter les choses.

Annoncé dans la foulée de l’allocution d’Emmanuel Macron, ce comité est censé aider l’exécutif à fignoler son projet. Dans les faits les arbitrages se feront à l’Elysée, ce qui augure d’un rôle assez limité, recueil d’avis et relais d’opinion.

« J’espère que le comité jouera un rôle car les attentes sont très fortes depuis l’allocution », estime le président de la commission insertion du COJ, Antoine Dulin, qui en est membre. Un point en particulier sera crucial, ajoute-t-il : le niveau de contre-parties demandées au jeune, ni trop strictes ni trop lâches si l’on veut aider le plus grand nombre.


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