Emmanuel Macron va-t-il sortir du bois sur le sujet de la jeunesse, jugé crucial dans sa réponse à la crise ? C’est ce que laisse penser la subite accélération des réflexions sur la garantie jeunes universelle . La ministre du Travail, Elisabeth Borne, va mener pas moins de six consultations sur le sujet cette semaine avant de relever mardi prochain la copie d’un des acteurs les plus concernés, les missions locales. Une réunion d’arbitrage avec Jean Castex aurait lieu dans la foulée, dit-on, sachant que ce futur droit – en réponse aux tenants du RSA jeunes – pourrait concerner jusqu’à 750.000 bénéficiaires par an.
Après le président de la commission de l’insertion des jeunes du Conseil d’orientation des politiques de jeunesse (COJ), Antoine Dulin lundi, Elisabeth Borne doit échanger avec celui de la Fédération des acteurs de la solidarité, Pascal Brice, d’Initiative France (Louis Schweitzer), du collectif Alerte (Christophe Devys), l’eurodéputé Pascal Canfin, pour finir par Sébastien Martin (Assemblée des communautés de France).
Signe supplémentaire que les choses bougent, le gouvernement vient de nommer un directeur de projet Garantie jeunes universelle, en la personne de Jean-Benoît Dujol, ex-délégué interministériel à la Jeunesse.
Allocation et accompagnement
Même si le plan « 1 jeune 1 solution » limite les dégâts, chacun s’accorde à dire que la précarité des jeunes a fortement augmenté avec la crise. Pour l’exécutif, la solution passe par une allocation financière, atteignant jusqu’à 500 euros par mois, ouverte au plus grand nombre. Elle serait doublée d’un accompagnement formalisé, sous forme de formation, de mise en situation professionnelle, voire d’emploi. Ce qui pèche avec le RSA , plaide le gouvernement.
Rien ou presque n’a filtré sur cette future Garantie jeunes universelle, d’autant que l’arrêté nommant Jean-Benoît Dujol ouvre la porte à deux options possibles. Un concept de « bannière unique » est évoqué, coiffant tout ce qui se fait déjà pour aider les jeunes, ainsi qu’un accompagnement « intensif » et un parcours « sans couture » permettant de ne jamais perdre le bénéfice de l’allocation…
Ce flou traduit peut-être la difficile synthèse des positions défendues par les deux camps qui ont voix au chapitre. D’un côté, il y a les tenants d’un dispositif vraiment universel, sorte de fusion de tous les dispositifs déjà existants. Cela ferait tomber les pré-carrés entre les structures d’aides aux jeunes : Missions locales, Pôle emploi, Apec, Ecoles de la 2e chance …
Frapper les esprits
L’autre camp défend, quitte à l’améliorer, ce qui a fait ses preuves, comme le parcours contractualisé d’accompagnement vers l’emploi et l’autonomie (Pacea). Mis en oeuvre par les missions locales, il préfigure ce droit universel promis, avec déjà 420.000 bénéficiaires attendus cette année après rallonge du plan de relance. La Garantie jeunes, qui constitue la modalité la plus intensive du Pacea, a les faveurs du gouvernement : le nombre de bénéficiaires doit passer à 200.000 cette année, deux fois plus qu’en rythme de croisière. Pour y parvenir, le ministère du Travail a assoupli les conditions d’éligibilité .
Si, comme on lui en prête l’attention, Emmanuel Macron veut marquer les esprits, la future Garantie jeunes universelle penchera plus du côté des tenants du grand soir, quitte à en changer de nom. Malgré ses mérites, un « Pacea ++ » ne serait pas très porteur politiquement. En toile de fond, il y a bien sûr la question de la durée des aides, et donc des considérations budgétaires sur lesquelles Bercy garde un oeil attentif.