Ce n’est pas tout à fait « Paris et le désert français ». Mais la radiographie des très hauts revenus, publiée ce mardi par l’Insee, rappelle l’ouvrage de Jean-François Gravier qui, il y a presque cinquante ans, avait décrit des déséquilibres régionaux toujours d’actualité.
Selon l’institut de statistiques, 43 % des ménages à très hauts revenus résident en Ile-de France, dont 20 % vivent dans Paris et 10 % dans les Hauts-de-Seine. Une prépondérance que l’Insee explique, sans surprise, par « le poids économique du territoire », où 30 % des emplois sont occupés par des cadres, contre 18 % à l’échelle nationale. Les contrastes sont flagrants au sein même de la région, alors que 6 % des Parisiens font partie des 1 % les plus aisés, contre 0,3 % de la population de la Seine-Saint-Denis.
Par très hauts revenus, l’Insee entend les 1 % de foyers les plus aisés, c’est-à-dire ceux dont le revenu annuel avant impôts et versement des prestations est supérieur à 108.670 euros par unité de consommation. A noter que l’Insee considère que, dans un foyer, le premier adulte compte pour une unité de consommation, puis 0,5 pour chaque adulte supplémentaire et 0,3 pour les enfants de moins de 14 ans. Un célibataire fait donc partie des 1 % les plus aisés s’il gagne 9.060 euros par mois. Ce seuil atteint 19.020 euros pour un couple avec deux enfants.
53 % des très riches en Ile-de-France
Les « très aisés », soit les 0,1 % de plus riches, ont un revenu mensuel supérieur à 22.360 euros pour une personne seule et de 46.960 euros pour un couple avec deux enfants. Dans cette catégorie, la prépondérance de l’Ile-de-France est encore plus marquée. La région concentre 53 % des « très riches ».
La moitié des Français les plus aisés a plus de soixante ans
En dehors du pôle francilien, les hauts revenus sont très présents dans les territoires frontaliers, les littoraux et les métropoles. L’Auvergne-Rhône-Alpes se place ainsi en deuxième position, avec 11 % des 1 % de ménages les plus aisés. Elles résident dans la métropole de Lyon, mais surtout dans la région d’Annecy, de Thônon ou du pays de Gex, qui bénéficient de la dynamique de la Suisse.
On observe le même phénomène dans le grand Est, où, en dehors de Strasbourg et de Reims, les hauts revenus se concentrent à la frontière avec la Suisse.
Origine des richesses
Ce qui distingue les métropoles des régions moins densément peuplées, c’est aussi l’origine de leurs richesses. Dans les grands bassins d’emplois, plus de la moitié des riches ont comme première source de revenu leurs revenus salariaux.
Dans les territoires moins peuplés, ce sont les revenus du patrimoine et les revenus non salariaux qui sont prépondérants.
Débat sur la taxation
L’épidémie de Coronavirus, et les inégalités face au choc économique qui s’annonce, a fait resurgir le débat en France sur la taxation des hauts revenus.
Dans ce contexte, l’Insee indique que ces ménages reversent 30 % de leur revenu initial sous forme d’impôts directs, contre 15 % pour la moyenne de la population. Cette contribution atteint 35 % pour les 0,1 % de ménages les plus aisés, alors même que les disparités de revenus s’accroissent plus on progresse dans l’échelle des revenus. A noter que cette donnée remonte à 2017, avant les réformes fiscales d’Emmanuel Macron.