Le confinement pour lutter contre la propagation du Covid-19 au sein de la population a eu des conséquences plus dures qu’ailleurs sur l’économie française. Mais la reprise de l’activité est, pour l’instant, assez rapide . C’est ce que constate l’Insee dans sa note de conjoncture publiée ce mardi matin. Ainsi, note Jean-Luc Tavernier, le directeur général de l’Insee, dans l’introduction de cette étude, « les indicateurs […] la solidité de la consommation depuis la mi-mai et une reprise significative dans tous les secteurs autres que ceux, tels le transport aérien ou les spectacles, qui sont encore contraints par les mesures de prévention de la pandémie ».
En interrogeant les entreprises françaises sur leurs perspectives, l’Insee estime désormais que « l’activité en décembre 2020 pourrait être entre 1 % et 6 % en deçà de son niveau d’avant crise ». Ce qui rend l’institut un peu moins pessimiste que le gouvernement sur l’année complète. Alors que Bercy table sur un plongeon du PIB de 11 % en 2020 , les économistes de l’Insee envisagent une chute de l’ordre de 9 % de l’activité économique cette année.
« Vif rebond » de la consommation
La consommation des ménages en juin ne serait plus inférieure que de 3 % à la normale, c’est-à-dire à la période précédent la pandémie. « La consommation connaît un vif rebond, en partie technique après deux mois de confinement où les consommateurs ont été empêchés de dépenser, mais il n’y a encore que quelques semaines, nous ne savions pas ce qui allait se passer. Les neuf dixièmes de l’écart avec la chute des dépenses en avril, qui avaient reculé de plus de 30 %, ont été comblés », se félicite Julien Pouget, chef du département de la conjoncture à l’Insee.
« Ce retour à meilleure fortune s’explique par l’amélioration des conditions sanitaires mais aussi par le fait que la chute de l’activité ayant été « volontaire », des mesures de grande ampleur comme le chômage partiel ont été mises en place pour préserver la majeure partie des revenus des ménages », poursuit l’économiste. Le tout est de savoir si la confiance des ménages résistera aux faillites et aux plans sociaux qui s’annoncent pour la rentrée.
« Chute de la demande étrangère »
En attendant, mécaniquement, cette reprise de la consommation a un impact sur l’activité des entreprises. Mais celles-ci tournent encore à un rythme inférieur de 11 % en juin à la normale, selon l’Insee. Il faut dire que « les mesures d’endiguement de l’épidémie chez les pays partenaires qui ont conduit à une chute de la demande étrangère, tout comme les difficultés d’approvisionnements, l’arrêt partiel de l’activité de certaines branches », pointe l’Insee.
Sans compter que, le Royaume-Uni, un des principaux partenaires commerciaux de la France, a déconfiné son économie plus tard que l’Europe continentale et que certains Etats des Etats-Unis ont même reconfiné une partie de leur population. « L’épidémie continue à se développer dans certaines zones géographiques et cela pèse lourdement sur le commerce extérieur », remarque Julien Pouget.
Sans compter que la reprise de la consommation nourrit les importations, dégradant encore un peu plus le solde commercial français. Facteur aggravant, dans le cas de la France, le commerce extérieur dépend beaucoup de l’aéronautique, secteur sinistré, et du tourisme, qui ne reviendra pas à la normale avant de longs mois.