Négociations patronat-syndicats : la CGT opte pour la chaise vide

Le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, a écrit à celui du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, pour lui annoncer que son organisation ne participerait pas aux discussions entre partenaires sociaux. Une rupture majeure dans l'histoire de la centrale.


C’est une décision inédite qu’a prise la CGT au début du mois : ne participer à aucune des réunions entre patronat et syndicats qui vont se dérouler dans le cadre de l’agenda économique et social arrêté par les partenaires sociaux. A l’origine de cette initiative, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, avait proposé huit sujets de négociation . Réunis il y a trois semaines, les leaders patronaux et syndicaux en ont finalement ajouté deux de plus. Mais certaines demandes syndicales n’ont pas été prises en compte.

C’est le cas des « salaires […], [de] l’égalité professionnelle et salariale entre les femmes et les hommes, [des] conditions d’accès à l’emploi pour la jeunesse, [de] la transparence des aides », déplore le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, dans le courrier adressé à Geoffroy Roux de Bézieux le 14 mars. « A la lecture de votre relevé de décisions […] et de votre nouvelle proposition d’agenda social et économique, force est de constater que nos analyses et priorités divergent puisque vous confirmez globalement vos propositions initiales en modifiant uniquement le séquençage des sujets à traiter », regrette le syndicaliste qui conclut : « Vous comprendrez que dans ces conditions, nous ne participerons pas à ces discussions ».

Une « rupture structurelle »

La politique de la chaise vide a pu être ponctuellement utilisée par la CGT mais jamais, de mémoire de militant, avec un tel systématisme. On se souvient du boycott des voeux de Nicolas Sarkozy, en 2011, qui avait rendu ce dernier furieux. Ou encore de celui de la conférence sociale de François Hollande en 2015. Plus récemment, la CGT avait refusé – c’était en janvier 2019 – de se rendre à Matignon pour marquer sa désapprobation du peu de cas que faisait Emmanuel Macron des syndicats. Autant d’actes symboliques.

Il y a cette fois-ci un changement de dimension qui constitue une « rupture structurelle » selon les termes d’un observateur. « Que ce soit Henri Krasucki, Georges Séguy, Louis Viannet ou Bernard Thibault, tous ont toujours considéré que la négociation était un élément du rapport de force », souligne-t-il. Il n’y avait pas forcément de signature au bout, mais la CGT a beaucoup pesé dans certaines négociations -bien que cela ait été plus rare ces dernières années.

Climat délétère

La centrale était absente de la réunion de mardi soir sur la formation professionnelle , sujet sur lequel elle a pourtant été à la pointe sous Bernard Thibault, avec son projet de Sécurité sociale professionnelle. Elle ne participera pas plus aux autres travaux des partenaires sociaux, parmi lesquels ceux sur l’intelligence artificielle et l’emploi ou la transition écologique. A l’opposé de Force ouvrière, qui a émis les mêmes critiques que la CGT sur la liste des thèmes, déplorant peu ou prou les mêmes absences, mais participe aux discussions.

Signe du climat délétère qui règne au sein de la confédération de Philippe Martinez, la décision, pourtant majeure, n’a pas suscité de débat lors de la dernière réunion de la commission exécutive (direction élargie), il est vrai centrée sur l’opportunité d’une nième journée d’action. Peut-être en sera-t-il autrement lors du prochain comité confédéral national, qui a lieu traditionnellement en mai.


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