Voilà au moins un poste qui ne souffrira pas de vacance à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Selon une source gouvernementale, l’exécutif a déjà choisi le remplaçant de Martin Hirsch à la direction générale du premier groupe hospitalier du pays, l’AP-HP – un lieu de pouvoir, où se concentrent les sommités médicales, les effectifs universitaires, les conflits sociaux. Il s’agit de Nicolas Revel, 56 ans, directeur de cabinet à Matignon sous Jean Castex, et disponible pour un nouvel emploi depuis la mi-mai.
Martin Hirsch a annoncé vendredi matin au directoire du groupe qu’il quitterait ses fonctions à la fin du mois, faute d’avoir les moyens de mener la transformation du système hospitalier qu’il appelait de ses voeux . Ce départ, qui clôt neuf ans de réformes et de soubresauts à l’AP-HP était de toute façon programmé, car le gouvernement Borne souhaitait renouveler la gouvernance.
Un spécialiste de la santé
Nicolas Revel connaît très bien la santé, puisqu’ il a dirigé la Caisse nationale de l’assurance-maladie de 2014 à 2020 . A ce poste, il s’est frotté à la négociation avec les syndicats professionnels de médecins et de paramédicaux. Après les libéraux, il aura à gérer les représentants du personnel de l’AP-HP, ainsi que des praticiens hospitaliers parfois frondeurs.
Ce haut fonctionnaire, énarque sorti à la Cour des comptes, a été secrétaire général adjoint de l’Elysée sous François Hollande, en binôme avec un certain… Emmanuel Macron. A ce poste de vigie de l’action du gouvernement, Nicolas Revel a plus particulièrement suivi les affaires sociales, dont la santé, à une période de vaches maigres pour les budgets hospitaliers.
Une crise très dure à régler
A l’AP-HP, il va devoir affronter une nouvelle crise, très dure, après celle du Covid. Les établissements ne parviennent plus à recruter des soignants, qui fuient la région parisienne, voire la profession. Environ 1.400 postes d’infirmiers sont vacants à l’AP-HP, du jamais-vu. Et cela malgré les revalorisations du Ségur de la santé, consenties suite au choc du Covid.
Dans sa plaquette de campagne pour la présidentielle 2022, Emmanuel Macron affirmait vouloir « poursuivre le sauvetage de l’hôpital » , avec « un plan de recrutement d’infirmiers et d’aides-soignants ». L’AP-HP en aura bien besoin, mais les verrous sont nombreux. Outre des salaires à améliorer de façon plus ciblée, il faudra résoudre le problème du coût du logement en région parisienne et desserrer l’accès aux formations universitaires.
Bien connecté à la fois avec l’exécutif et le patron de l’Assurance Maladie, Thomas Fatôme, Nicolas Revel devrait être un atout dans le jeu du gouvernement pour réformer le système de santé comme le souhaite Emmanuel Macron : grâce à la concertation, et en instaurant un fonctionnement plus fluide de l’hôpital et de la ville.
Grands projets immobiliers
Le nouveau patron devra également faire avancer les grands projets immobiliers que sont l’Hôtel-Dieu et l’Hôpital Nord, contestés en interne. Et redresser les comptes d’un groupe déficitaire et endetté.
Sur le volet des économies, Nicolas Revel est désormais un homme averti des dangers d’une diète trop dure. C’est lui qui a géré l’Assurance Maladie sous la gauche, à une période de réductions de coûts drastiques. Ensuite, sous Emmanuel Macron, alors que les hôpitaux étouffaient dans ce carcan, il a orchestré un desserrement progressif de la contrainte financière et le formidable appel d’air financier lié à la crise du Covid à l’hôpital.