Les voyageurs qui emprunteront un TGV ou un train Intercités à partir du début du mois d’août sans disposer d’un pass sanitaire en règle pourront difficilement passer entre les mailles du filet. C’est en tout cas ce qu’assure Christophe Fanichet, le numéro 2 de la SNCF, qui a annoncé jeudi des « contrôles massifs » dès que la mesure entrera en vigueur.
Ces vérifications auront lieu à l’embarquement, mais également à bord du train, et même à l’arrivée, a expliqué le dirigeant sur l’antenne de RTL. « On va faire des contrôles partout et à tout moment », a-t-il résumé.
La carte de la dissuasion
Si le propos se veut dissuasif, le choix du vocabulaire est important, et « massifs » ne veut pas dire systématiques. « Cela aurait été tout simplement impossible, pointe Didier Mathis, secrétaire général de l’Unsa-Ferroviaire. Il peut y avoir jusqu’à 1.200 passagers dans un TGV Ouigo à deux rames, jusqu’à un millier dans les TGV classiques… Vérifier tous les pass sanitaires aurait été l’assurance d’un départ avec au moins une heure de retard. »
Prise comme tout le monde au dépourvu par les annonces d’Emmanuel Macron le 12 juillet , la SNCF a ensuite informé l’exécutif qu’un examen systématique du pass sanitaire nécessiterait de revoir à la baisse le nombre de trains en circulation. Une option qui a très vite été écartée par le gouvernement.
Renforts de police
L’entreprise publique prévoit que l’essentiel des vérifications se fera lors de l’accès au train. Les contrôleurs pourront être appuyés par les agents SNCF qui travaillent dans la gare, mais aussi par la police ferroviaire (Suge). Des renforts de police ont été demandés, et devraient également être déployés, au moins lors des grands week-ends de pointe. Les passagers qui ne seront pas en règle ne pourront pas embarquer.
Des vérifications à bord seront effectuées de manière aléatoire par les contrôleurs, avec parfois, en appui, des agents de la Suge, prévoit la SNCF. Cela supposera que ceux-ci montent dans des trains longue distance, alors que leur mission les cantonnait jusqu’ici aux gares et aux lignes régionales. L’amende en cas d’infraction sera de 135 euros.
La motivation des contrôleurs sur cette nouvelle mission est loin d’être acquise. « Ils ne sont pas du tout emballés », confie un de leurs collègues. Sur le plan pratique, le terminal qui permet de vérifier les billets est compatible avec TousAntiCovid Verif, mais jongler sans cesse entre les deux applications ne s’annonce pas simple.
Un chantier sensible en interne
L’entreprise publique doit composer avec un autre chantier épineux en interne : l’application du pass sanitaire obligatoire pour une partie de ses salariés à partir du 30 août. Les syndicats ont été reçus le 20 juillet par le DRH François Nogué pour obtenir des précisions sur ce sujet.
Les agents concernés au sein du groupe public sont les contrôleurs et les agents de la Suge, soit 4.000 à 5.000 agents, rapporte Didier Mathis. S’y ajoutent les personnels chargés du nettoyage des rames et de la restauration ferroviaire, qui sont gérés par des prestataires externes, soit 6.000 personnes en tout.
Les conducteurs ne sont pas concernés. Mais comme ils utilisent régulièrement le train en tant que passagers, pour les besoins du service notamment, nombre d’entre eux devront, eux aussi disposer d’un pass sanitaire.
De nombreux points restent à préciser, à commencer par la date d’entrée en vigueur des contrôles, qui dépend de l’évolution des débats au Parlement. Le week-end du 31 juillet-1er août est exclu, au grand soulagement de la SNCF, qui redoutait de roder ce dispositif lors du plus grand chassé-croisé de l’année. Mais une application le week-end suivant n’est pas à écarter.