La pauvreté a reculé l’an passé en France. Selon les premières estimations de l’Insee publiées ce mercredi, le taux de pauvreté aurait baissé de 0,3 point et se serait établi à 14,5 % de la population en 2019.
Concrètement, cela signifie qu’environ 210.000 personnes seraient sorties de la pauvreté l’année dernière. Environ 9,1 millions de personnes vivaient toutefois encore sous le seuil de pauvreté, correspondant à 60 % du niveau de vie médian – c’est-à-dire le niveau de vie qui partage la population française en deux, l’une gagnant plus, l’autre moins.
En fait, l’an passé, le niveau de vie médian a lui-même grimpé de 2 % environ. Mais le niveau de vie des personnes modestes aurait augmenté plus vite que le niveau de vie médian, principalement en raison de la forte hausse de la prime d’activité, avance l’Insee. L’an passé, pour répondre aux « gilets jaunes », la prime d’activité a été réformée . Les montants ont été augmentés et des personnes aux revenus un peu plus élevés ont pu en bénéficier. En 2019, 4,35 millions de foyers, soit 1,3 million en plus qu’ en 2018 , ont perçu la prime d’activité pour un montant moyen de 185 euros.
La revalorisation de la prime d’activité aurait profité d’abord aux 40 % de personnes aux niveaux de vie les plus faibles. « D’autres mesures contribueraient aussi à augmenter le niveau de vie des plus modestes et à diminuer les inégalités, comme les revalorisations exceptionnelles de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) et du minimum vieillesse (Aspa) », note l’Insee. Ainsi, les inégalités auraient légèrement baissé (coefficient de Gini).
Hausse sensible des demandes de RSA cette année
Mais la crise engendrée par le Covid-19 devrait avoir des effets terribles sur la pauvreté cette année . Au ministère de la Solidarité et de la Santé, on juge « la progression des demandes de revenus de solidarité active (RSA) en septembre et octobre très inquiétante ». La semaine dernière, Olivier Véran, le ministre de la Santé, avait évoqué le chiffre de 3.000 demandes de RSA par jour.
Les destructions d’emplois occasionnées par la crise expliquent ce phénomène. La fin de contrats courts et d’intérim vient grossir les rangs des demandes d’allocations. Les nouveaux arrivants sur le marché du travail ne trouvent pas d’emploi et les indépendants, parfois des commerçants touchés par la crise, font des demandes de RSA . Le ministère assiste « à un afflux de nouveaux publics ». Le recul de la pauvreté l’an passé va vite apparaître comme de l’histoire ancienne.