Travailler dans de mauvaises conditions rime non seulement avec plus de jours de maladie, mais aussi avec plus de présence sur site même en cas de problème de santé. Dans une étude publiée ce mercredi, la Direction de la recherche du ministère du Travail (Dares), en s’appuyant sur une enquête de 2016, montre que l’environnement professionnel influe largement sur notre propension au présentéisme – cette « pratique qui consiste à aller au travail tout en étant malade ».
Au total, cette année-là, les salariés ont signalé en moyenne onze jours de maladie, dont huit d’absence pour raisons de santé et trois de présence malgré la maladie. Soit 27 % de jours travaillés « tout en pensant qu’[ils] auraient dû rester à la maison ». Un pourcentage qui grimpe à 35 % lorsqu’on se focalise sur ceux qui affirment faire face à une insécurité de l’emploi.
Même son de cloche chez ceux qui déplorent des relations conflictuelles avec leur hiérarchie, puisqu’ils passent 33 % de leurs jours déclarés de maladie au travail, contre 19 % pour ceux qui n’y sont pas exposés. Quant aux salariés soumis à une charge de travail « intense », leur propension au présentéisme devance de presque 7 points celle des travailleurs qui n’y sont pas confrontés.
Pour expliquer ces écarts importants, la Dares avance que, lorsqu’il doit s’adapter à une demande de travail importante ou qu’il manque de moyens, « le salarié pourrait être découragé de s’absenter par la perspective d’une quantité de travail encore plus importante à son retour de maladie, ou par la pression des collègues sur qui retomberaient les tâches non réalisées ».
Moins de présentéisme chez les salariés en mauvaise santé
Autre constat, la propension au présentéisme varie en fonction de l’état de santé lui-même : plus le nombre annuel de jours de maladie est élevé, plus la part des jours de présentéisme dans l’entreprise est faible, rapporte l’étude. Alors que les salariés ne signalant qu’un ou deux jours de maladie dans l’année passent 83 % de ces jours au travail, ce chiffre tombe à 63 % pour ceux qui rapportent trois à cinq jours de maladie. Et dégringole à 21 % lorsqu’on se concentre sur les salariés cumulant plus de quinze jours de maladie sur l’année.
Mais la propension d’une majorité de salariés au présentéisme reste élevée, alors que la pratique s’avère « coûteuse pour la collectivité », alerte la Dares. Selon elle, cela « aggrave les problèmes de santé et augmente, à moyen et long terme, le nombre d’absences pour raisons de santé ». Et de rappeler que la France est particulièrement touchée, avec 62 % des salariés qui ont effectué « au moins un jour de présentéisme » en 2015, contre 42 % dans le reste de l’Union européenne.