En cette fin d’année, c’est la première question que se posent les Français : comment leur pouvoir d’achat va-t-il évoluer l’an prochain ? Ces derniers jours, plusieurs institutions ont esquissé une trajectoire : selon l’Insee, après avoir accéléré cette année, le pouvoir d’achat par ménage devrait baisser de 0,5 % au premier semestre. Ce qui n’augure pas de son évolution annuelle, précise l’institut de statistiques. De son côté, la Banque de France a estimé, dans ses prévisions sur trois ans, qu’il continuerait de progresser l’année prochaine (+ 0,6 % prévu), mais moins vite qu’en 2021 (+1,7 %).
En plus de raisonner sur des périodes différentes, les deux instituts ne comptabilisent pas de la même façon l’indemnité inflation de 100 euros qui sera versée à 38 millions de Français. L’Insee l’a intégrée en totalité dans les revenus de 2021, d’où par contrecoup un repli du pouvoir d’achat au premier trimestre. La banque centrale l’a en revanche répartie sur 2021 et début 2022, ce qui lisse les effets.
S’il est sans doute difficile pour les Français de se retrouver dans ces arguties d’experts, l’inquiétude, elle, est là face aux tensions inflationnistes persistantes. C’est même leur principale préoccupation à trois mois de la présidentielle . La hausse des prix à la consommation (+3,4 % en novembre sur un an calculée par l’indice IPCH) met à mal leur pouvoir d’achat.
Les experts anticipent certes un reflux de l’inflation énergétique. Mais pour l’instant, « il n’y a pas d’amélioration en vue pour le trimestre à venir » a alerté ce jeudi, dans un tweet, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, jugeant que «dans ce contexte, l’énergie doit devenir la priorité numéro 1 de la présidence française de l’Union européenne».
Les enquêtes de terrain montrent d’ailleurs qu’un nombre croissant d’industriels souhaite répercuter dans leurs prix de vente une part des hausses de coûts qu’ils subissent.
L’inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation) devrait de ce fait se situer l’an prochain à un niveau supérieur à ce qu’il était avant la pandémie, selon la Banque centrale.
Les salaires suivront-ils ? La situation favorable du marché du travail incite les deux institutions à le penser. La revalorisation du SMIC , de 2,2 % en octobre puis de 0,9 % en janvier prochain, – donne le « la ». Déjà, les négociations de branche commencent à déboucher sur des revalorisations des grilles de rémunérations . Et dans ses projections, la Banque de France prévoit « une nette progression des salaires sur la durée ». Elle pourrait être « de l’ordre de 3 % par an », a indiqué aux « Echos » François Villeroy de Galhau, son gouverneur .
Patrick Artus, chef économiste chez Natixis, met toutefois un bémol : « Cela ne sera pas vrai partout. Dans les secteurs en difficultés comme l’automobile ou l’aéronautique, il n’y aura pas de hausses des salaires », objecte-t-il.
Epargne de précaution
Par ailleurs, qu’en sera-t-il pour les indépendants ? Le « quoi qu’il en coûte » leur avait permis de limiter les pertes de niveau de vie. Quant aux retraités, l’exécutif a annoncé une hausse de 1,1 % des pensions de retraite de base au 1er janvier prochain, qui ne couvre pas l’inflation subie.
Pour l’instant, les Français qui ont amassé un surcroît d’épargne colossal – 170 milliards d’euros à fin octobre selon la Banque de France – maintiennent un haut niveau d’épargne de précaution . Selon l’Insee, leur taux d’épargne serait toujours supérieur à son niveau d’avant crise l’an prochain à mi-année. Soucieux du bas de laine des Français, l’exécutif a promis de revaloriser en février prochain le taux de rémunération du Livret A , leur placement préféré.