C’est un casse-tête de plus pour l’exécutif qui met la dernière main sur son « paquet pouvoir d’achat » : l’inflation est partie pour durer et le choc sera plus fort qu’anticipé. Elle devrait atteindre 5,9 % en juin puis approcher les 7 % en septembre avant de se stabiliser, prédit l’Insee.
Mais tous les Français ne sont pas logés à la même enseigne. « Les écarts d’inflation sont allés en grandissant entre catégories de ménages », depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, constate l’Institut.
Impact variable
En avril, l’inflation a atteint 4,9 % en moyenne, sur un an, en France métropolitaine. Mais pour certaines catégories de la population, elle a été supérieure de plus de 1 point, alors qu’« entre 2015 et 2021, les disparités selon les catégories de ménages ne dépassaient pas 0,1 point », souligne l’Insee.
Aujourd’hui, ce sont les caractéristiques sociodémographiques – l’âge, la catégorie socioprofessionnelle, le lieu de résidence – qui déterminent l’impact de la hausse des prix.
5,9 % pour les habitants des zones rurales
Ainsi en avril, les habitants des zones rurales sont ceux qui en France ont le plus souffert de la hausse, confrontés à une inflation à 5,9 %, soit 1 point de plus que la moyenne de la population. Contraints d’utiliser davantage leur voiture pour se déplacer, ils ont vu leur budget carburant s’envoler ces derniers mois. Et sont désavantagés par rapport aux ménages résidant dans des grandes villes, bien dotées en transports en commun.
Sur le plan socioprofessionnel, les agriculteurs ont également subi de plein fouet la hausse des prix (6 %). Ils ont été plus affectés que les cadres (4,5 %) ou que les ouvriers. Les moins de 30 ans sont ceux pour lesquels l’impact de l’inflation a été le plus faible, de l’ordre de 4 %, à la différence des personnes âgées de plus de 75 ans, elles aussi très touchées via leur budget alimentation notamment.
Le coût de l’énergie est de loin le premier vecteur de disparités dans l’inflation subie, quelle que soit la caractéristique des ménages.
Enfin, les ménages les plus modestes apparaissent davantage exposés aux hausses de prix que les plus aisés, mais l’écart maximum ne dépasse pas 0,4 point (premier décile) par rapport à la moyenne. Entre 2015 et 2021, « l’inflation se situait à 1,3 % sur un an et les disparités selon les catégories de ménages ne dépassaient pas 0,1 point », rappelle l’institut tout en soulignant qu’au sein d’une même catégorie, les situations individuelles peuvent toutefois être « assez différentes ».
L’énergie, premier facteur de disparité
Alors que la guerre en Ukraine fait flamber les prix du gaz et du pétrole, déjà élevés depuis la sortie des confinements dus au Covid, le coût de l’énergie est de loin le premier vecteur de disparités dans l’inflation subie, quelle que soit la caractéristique des ménages. « L’alimentation n’intervient que dans un second temps », relève l’Insee. Pour les cadres, le renchérissement du prix des services – lié notamment aux revalorisations du SMIC – pèse également, à hauteur de 0,4 point.
Cette situation pourrait s’accentuer avec l’accélération de l’inflation dans les prochains mois. Dans ce contexte, de nombreux économistes estiment que l’exécutif devrait davantage cibler ses mesures de soutien. Et ce sera aussi un moyen d’en limiter le coût budgétaire.