Quand les leaders syndicaux et patronaux confrontent leur vision de l’après-crise

Sept des huit leaders syndicaux et patronaux ont débattu en visioconférence de l'après-crise à l'invitation de l'Association des journalistes de l'information sociale. Les organisations de salariés restent méfiantes sur les intentions du gouvernement.


Ils s’étaient certes parlé depuis le début de l’épidémie de coronavirus , mais jamais publiquement. Ce jeudi, l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis) a réussi à réunir sur le même écran les leaders syndicaux et patronaux pour débattre de l’après-crise. Ne manquait que François Asselin, de la CPME.

La question du rôle du dialogue social et de l’Etat a occupé une large place dans les discussions. Les syndicats ont reconnu sur ce point un changement d’attitude de l’exécutif mais les organisations de salariés restent très méfiantes sur ses réelles intentions. « On est reçu à l’Elysée, le président nous écoute, prend des notes, c’est très chaleureux… Mais le gouvernement ne nous fait pas confiance », a affirmé François Hommeril, le président de la CFE-CGC.

Des décisions toujours « très verticales »

« Je n’ai jamais autant parlé à des ministres et au président de la République », mais les décisions sont toujours « très verticales », a renchéri Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, quand Yves Veyrier, son homologue de Force ouvrière, lâchait : « On a encore été trop souvent mis devant le fait accompli ».

« Je partage le constat de la responsabilité du gouvernement dans le confinement du dialogue social », a acquiescé le numéro un de la CFDT, Laurent Berger , manifestement inquiet, lui aussi, que les assouplissements du droit du travail et les restrictions aux libertés publiques et syndicales soient maintenus après la levée de l’état d’urgence sanitaire . Il s’est cependant refusé à en renvoyer toute la responsabilité sur l’exécutif. « Pourquoi n’est-on pas capable entre partenaires sociaux de parler en commun sur l’assurance-chômage, le maintien dans l’emploi, l’emploi des jeunes ? C’est ce qui nous affaiblit, il ne faut pas que l’on se raconte d’histoire », a-t-il ajouté.

5.500 accords de reprise du travail

Les divisions syndicales, qui restent intactes malgré la gravité de la crise, n’aident clairement pas. Mais elles s’ajoutent au fait que du côté du patronat, si on loue en ce moment l’interventionnisme public, on ne s’est pas reconverti à un dialogue social au sommet. « On est très méfiant à l’égard des accords nationaux qui prennent souvent en considération surtout les grandes entreprises », a estimé le président de l’U2P, Alain Griset.

« Ma conviction, c’est que les modèles économiques d’organisation des entreprises divergent par rapport à l’économie du XXe siècle qui était fondée sur un modèle industriel », a réaffirmé le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, citant le journal « L’Equipe » – en pleine négociation sur une baisse des salaires -, Amazon, une petite entreprise du bâtiment et une multinationale. « Aujourd’hui, l’essentiel de la négociation doit se passer dans les branches et/ou dans les entreprises », a-t-il insisté, en en voyant la preuve dans les 5.500 accords de reprise du travail signés.

Ouvert sur la santé au travail

Mais dès que l’on évoque des sujets concrets, la réalité est un peu plus complexe… Si le patron du Medef a exclu un accord national interprofessionnel « normatif, précis, qui s’impose à toutes les entreprises quelle que soit leur taille » sur le télétravail , il a fait un petit pas vers les syndicats, rappelant qu’en 2017, les discussions avaient débouché sur une « délibération commune donnant des principes ».

Sur la santé au travail, le leader patronal se montre beaucoup plus ouvert à négocier un accord, en se passant de toute directive du gouvernement. La volonté de députés En Marche emmenés par Charlotte Lecoq, auteure d’un rapport remarqué sur le sujet, de donner la main à l’Etat via une proposition de loi ne peut que le conforter.

Sur l’emploi des jeunes, Geoffroy Roux de Bézieux estime que « la négociation doit forcément être tripartite car ce n’est pas nous qui avons la clef du coffre ». Mais patronat et syndicats sont d’accord sur un point : le fait qu’il serait « malvenu de recréer des tensions » en remettant à l’ordre du jour la réforme des retraites , comme l’a souligné Cyril Chabanier, le président de la CFTC. Pour François Hommeril, « l’avenir de cette réforme, c’est le placard ».


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